Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com

Suppléments à l’oeuvre des Stella depuis 2006

Le Mariage de la Vierge de Milan

*Sommaire concernant Stella * Table générale


Contact : sylvainkerspern@gmail.com
Souvent, un travail monographique, catalogue d’exposition ou simple livre, favorise l’émergence d’oeuvres portant, à juste titre ou non, le nom de l’artiste ainsi honoré. Jacques Stella l’a été par deux ouvrages complémentaires. On trouvera, rassemblé par ordre chronologique dans une mosaïque récapitulative, ce qui a pu resurgir depuis leurs publications, ce qui peut concerner aussi les Bouzonnet et quelques corrections notables pour des attributions fautives.

... Et ci-dessous, une de ces découvertes.
Sylvain Kerspern

Les Stella : suppléments aux catalogues de 2006


Le Mariage de la Vierge vendu à Milan (peinture)


Huile sur toile. 83,5 x 103.
Vente Sotheby’s Milan 20 octobre 2007 (lot 42); Galerie Éric Coatalem; Paris, coll. part (en 2012).
Mise en ligne le 29 avril 2008 - Retouche de mise en page, août 2012

Qui connaît bien l'art de Stella ne pouvait manquer de faire le rapprochement entre cette peinture et le carton de tapisserie conservé par le Musée des Augustins de Toulouse. La difficulté essentielle tient aux rapports qu'ils entretiennent, et donc aux problèmes de datations.

Je soutiens, pour ma part, que celle du tableau destiné à Notre-Dame est à situer dans les premières années de l'activité parisienne, sans doute peu après la première commande des autres cartons passée à Philippe de Champaigne, soit vers 1636-1638. Que penser du tableau acquis à Milan par Éric Coatalem? Pour répondre, il faut dépasser les similitudes pour s'attacher aux différences.

Le coloris s'est transformé de la blondeur encore très "italienne" au "laiteux" si caractéristique de l'atticisme tel que Stella l'affirme dans les toutes dernières années du règne de Louis XIII, notamment dans le retable des Andelys. Les dispositions et l'interprétation du thème de la peinture milanaise correspondent par ailleurs aux prémices de ce qui sera le dernier style du peintre, plus inquiet, étudiant l'agitation vaine des hommes face à l'intemporelle volonté divine. La nativité de la Vierge peinte en 1644 pour le Palais-Royal à la demande d'Anne d'Autriche figure parmi les premiers témoignages d'un art au diapason des fragilités du régime. On en rapprochera encore Minerve et les muses du Louvre, autre possible ouvrage pour Anne d’Autriche vers ce temps (pour une actualisation de 2012 sur ce tableau, voir le commentaire de la monographie de Jacques Thuillier).

Ainsi, cette peinture doit-elle être perçue comme une répétition "héroïque" de ce qui fut une des grandes commandes du temps du Cardinal (et qui émanait en quelque sorte de Son Éminence), conférant au passage à la Vierge le rôle actif, malgré sa pose statique, en en faisant l'aboutissement, au centre de la composition et en avant du point de fuite, d'un cortège à caractère triomphal.
Retouche 2012.
Ci-contre
Le coloris laiteux du tableau des Andelys correspond à celui du Mariage de Milan. Les types physiques ont la régularité de l’antique.

Ci-dessous
Le coloris du carton de Toulouse, plus « blond », est celui rapporté d’Italie et qui persiste quelque temps en France; en témoigne, par exemple, la peinture montrant Sémiramis acquise par le musée de Lyon, de 1637. Quant aux visages, ils traduisent encore les exemples du « réalisme » tempéré de Carrache ou de Dominiquin. La Nativité de Barnard Castle, qui porte la date de 1639, est un des jalons de la mutation qui conduit au retable des Andelys (1641-1642).

S.K.



Courriel : sylvainkerspern@gmail.com.
Vous souhaitez être informé des nouveautés du site? C’est gratuit! Abonnez-vous!
Vous ne souhaitez plus recevoir de nouvelles du site? Non, ce n’est pas payant... Désabonnez-vous...
.