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Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com

Jacques Stella - Catalogue
France, oeuvres datées de 1655-1657

Catalogue : Ensemble - Comme un pur effet... (1655-1657), mosaïque - Table Stella - Table générale
Comme un pur effet de son grand amour pour la peinture. Oeuvres datées de 1655-1657.
Le détail des références bibliographiques, en l’absence de lien vers l’ouvrage consultable en ligne, peut se trouver en cliquant sur Bibliographie.
Mise en ligne le 3 mars 2017 - retouches : mai 2018 (autoportrait dessiné...) - novembre 2019 - septembre 2021 - avril 2022 - Divers ornemens..., mai 2022 - Livre des Vases, septembre 2022
La fuite en Égypte, peinture. Paysage au laboureur, gouache. Mesure et proportion du corps humain, dessins perdus (et gravures par Claudine Bouzonnet Stella, 1657) Divers ornements d'architecture, dessins perdus (et gravures par Claudine et Françoise Bouzonnet Stella, 1658)





Les Pastorales, peintures, dessins (et gravures par Claudine Bouzonnet Stella). Livre des Vases, dessin et gravures par Françoise Bouzonnet.

Danse paysanne, dessin et Mendiant, gravure. La Vie de la Vierge en 22 dessins. Un Crucifix, la Vierge, st Jean, la Madeleine et des anges, peinture. La Passion, peintures, dessins (et gravures par Claudine Bouzonnet Stella).
Fuite en Égypte
1655
Huile sur toile. 75,5 x 86,5 cm.
Historique : ?vente Paris, 30 janvier 1799 (« La fuite en Egypte, composition de dix figures, grandeur tiers de nature. L'on voit Joseph conduisant la Vierge par la main, & à pied, traversant un pont de bois, tandis que des petits anges conduisent par derrière l'âne ; de grands anges & des chérubins, en ornent le haut. Toute cette composition, au milieu de la nuit, est éclairée par l'Enfant-Jésus. Ce tableau est d'une belle composition, & exécuté d'une couleur forte & brillante. L'on peut regarder ce tableau comme un des plus beaux ouvrages de ce maître. - Moyen tableau, sur T[oile].»; Le Brun, expert). Lyon, coll. part. en 1989.

Bibliographie :
- Gilles Chomer, « Une gravure de Michel Demasso d'après un dessin de Jacques Stella », Travaux de l'histoire de l'art de Lyon, cahier n°12, septembre 1989, p. 67-74 (ill. 26)
- Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, p. 47, 218
Ce tableau a été publié alors qu'il était en collection particulière en 1989 par Gilles Chomer. Ne le connaissant pas directement, les réserves d'usage sur la lecture de la date s'impose mais le style me semble cohérent avec une telle situation. Le rapprochement avec le dessin de la grande suite de 22 sujets sur la Vie de la Vierge, si net, cautionne la datation tardive qu'avançait Gilles Chomer pour cette suite et que je partage. Il ne s'appuie pas seulement sur les détails de la composition puisque le passage du pont à l'abri de frondaisons fournit ici et là de subtiles variations notamment sur les attitudes ou sur le point de vue, à partir de la redistribution qu'impose le format en largeur. C'est surtout par la similitude de style, la puissance sculpturale des drapés et des corps, la typologie des visages aux traits forts, que s'impose une situation chronologique voisine.
Les différences ne sont pas moins significatives. Le dessin dispose un bel effet lumineux mais qui ne semble pas aussi contrasté que le tableau, que la médiocre reproduction dont je dispose suggère être un nocturne. Stella a régulièrement pratiqué ce que le Caravage avait transformé en véritable genre; plus par affiliation avec un Corrège, au demeurant, et sans doute aussi stimulé par son travail sur les pierres sombres, comme le marbre noir ou l'ardoise. La suite de la Passion, qui constitue son dernier ouvrage achevé, semble l'avoir particulièrement exploré.

Pour le peintre, la lumière installée par le pinceau redouble ainsi la révélation spirituelle, associe le fidèle - destinataire de l'oeuvre ou tout spectateur qui s'y intéresse - au destin de Jésus, ici protégé pour son sacrifice ultime. Le regard de l'Enfant, tourné vers les alarmes des angelots menant l'âne, en est un rappel. C'est la trajectoire d'une vie qui s'y joue - et Stella lui-même sent qu'il touche au terme de la sienne. L'atmosphère recueillie traduit sans doute cette circonstance personnelle, mais elle est moins sensible dans le tableau, plus dynamique autant par le format en largeur que par l'amplitude de la marche de Joseph ou les indications des drapés. Il est ainsi moins méditation personnelle que peinture d'histoire, avec la tension dramatique propre au sujet. Stella n'y renonce pas pour autant à la familière tendresse de son regard...

S.K., Melun, février 2017
Je remercie Marie-Gabrielle Leblanc de m'avoir fourni une reproduction couleurs du tableau.
Plume et encre brune, lavis gris, rehauts de blancs.
35,6 x 26,3 cm.
Metropolitan Museum.
Paysage au laboureur,
1655

Gouache avec plume et encre noire sur papier vergé chamois. 23,4 x 32,5 cm. SD au verso à l'encre brune : J. Stella fecit 1655. Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada (42296).

Historique : fonds d'atelier? coll. Bouzonnet (inventaire de Claudine, n°7 des livres de dessins), 1697? Vente Christie's Londres, 4 juillet 2006, n°90; Jean-Luc Baroni, Londres; acquis en 2008 par le musée d'Ottawa.

Bibliographie :
- Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, p. 227
- Sylvain Kerspern, « À propos d’une étude de Jamie Mulherron. Claudine et Jacques Stella. Quel auteur pour les Pastorales? », dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 29 mai 2013
On doit évidemment rapprocher cette gouache de l'ensemble des Pastorales, que je crois tardif même si leur dispositif a longuement été préparé. Ses dimensions sont d'ailleurs fort proches de celles des gravures - mais pas des tableaux, dont trois ont depuis été retrouvés et qui sont à peu près deux fois plus grands.

À la différence de ces Plaisirs champêtres, la présence humaine est ici anecdotique : malgré un habitat très présent, on ne distingue qu'un laboureur au travail, et quelques silhouettes au bord de l'eau et sur le chemin qui serpente, vers le milieu de la composition. Cela ne doit pas nous conduire à remettre en cause le caractère composé de ce paysage : on trouverait difficilement semblable site dans les environs de Paris, que la santé déclinante de Stella ne permettait plus de parcourir. Le repentir sur la tour de la monumentale architecture surplombant l'escarpement du fond, remarqué par Sylvain Laveissière, tend à le confirmer.

C'est donc un paysage mental, culturel, qui nous est proposé ici. S'y croisent les souvenirs d'un Brueghel, des Carrache ou du Dominiquin, dans une formule dont les premiers témoignages, pour Stella, remontent au séjour italien, avec, par exemple, le Retour d'Egypte (USA, coll. part.; ci-dessous).



Cela ne signifie pas pour autant l'absence de toute sensibilité. Construire un paysage cohérent, équilibré, vraisemblable, demande une fréquentation assidue de la nature. Les dessins « de genre » révélés par Gail Davidson en 1975 montrent que jusque tard dans sa vie - puisque toute le monde s'accorde désormais à situer ces feuilles dans ses dernières années -, Stella a aimé croquer sur le vif. La poésie de ce paysage est toute semblable à celle qu'il exprime dans les Pastorales : il représente ici un moment du cycle de la vie des champs, de façon peut-être un peu plus distante, mais restitué avec le même sentiment apaisé suggérant une forme de panthéisme. Exceptionnelle dans son oeuvre, cette gouache ne l'est pas moins dans tout l'art du temps.

S.K., Melun, février 2017
Claudine d'après Jacques, Les vendanges
Gravure, 1667. 24.5 x 31.5 cm
(ex. de Boston, Museum of Fine Arts)
Le branle (Pastorale 6)
Toile. 50,5 x 62 cm
France, coll. part.
Le Christ en croix, la Vierge, saint Jean, la Madeleine et des anges,
1657

Huile sur cuivre. 49 x 38 cm. Localisation actuelle inconnue.

Historique : Eric Turquin en 2002; coll. part. Vente Sotheby's New York, Master paintings & 19th century european art, 29-30 janvier 2016, lot 606 (follower of Jacques Stella).

Bibliographie :
Inédit
Le caractère manifestement inachevé de ce cuivre semble avoir dérouté la maison de vente au point qu'elle l'attribue à un hypothétique suiveur de Jaques Stella, pensant peut-être Antoine ou Claudine Bouzonnet Stella. Ce thème semble n'avoir retenu l'attention de Jacques qu'au soir de sa vie. Il le traite évidemment dans sa suite de la Passion (sujet perdu, voirici) mais on en retrouve deux versions dans l'inventaire de Claudine, en 1693 et 1697, deux Crucifix, la Vierge, saint Jean, la Madeleine et des anges, la mention de l'un précisant qu'il s'agit de petits anges. L'iconographie correspond parfaitement, mais pas le support, l'un sur toile, l'autre sur bois de cèdre. Un dessin passé chez Christie's à Londres, le 9 décembre 1986 (n° 139), au style tardif, atteste d'une méditation répétée durant les dernières années.

La typologie rapidement brossée n'est pas la plus convenue pour Stella. Pourtant, il suffit de lui confronter le tableau à l'Allégorie des cinq sens, peinture passée en vente à Versailles le 27 mai 1990, puis chez Sotheby's Monte-Carlo le 22 juin 1991, notamment pour la Madeleine, au profil assez rare mais qui ressemble beaucoup à celui du jeune homme embrassant la luthiste.


L'état du tableau le rend d'autant plus passionnant, laissant filtrer d'importants repentirs. Initialement, Stella souhaitait intégrer les deux larrons, l'un (à senestre) suivant un axe oblique, l'autre (à dextre) suivant un autre axe encore. Les deux croix transparaissent et on distingue même assez nettement les bras du premier supplicié au-dessus des petits angelots, vraisemblablement intégrés dans un second temps. La première idée exhaussait et rétrécissait la traverse du Christ, modifiant la position de ses bras. Son économie générale ressemblait à la composition proposée par Claudine pour le Missel Voisin, suivant peut-être plus ou moins celle, perdue, que Jacques conçut pour la Passion en 30 sujets.

La transformation tend à faire glisser l'iconographie. L'idée de départ pouvait rechercher l'Histoire en lui donnant son plein contexte. En éliminant les larrons, le ton se tourne vers la dévotion, sinon l'image doctrinale pour inciter à la méditation sur les passions, comme un équivalent au thème musical du Stabat mater. Il ne recherche pas pour autant l'effusion ni le déploiement théâtral des Passions tel qu'il apparaît dans le dessin inédit de l'ensemble de la BnF provenant de la collection Brixio (ci-contre), qui lui est donné mais qui revient à son neveu Antoine.

Si une larme coule sur la joue de la Madeleine, la réaction au spectacle du crucifié, que tous regardent, est toute en retenue. C'est par un biais tout artistique que Stella invite le spectateur à sa méditation. Même si l'achèvement aurait sans doute adouci certaines parties, il oppose les drapés lourds des personnages à terre au corps dénudé, livide et décharné, du Christ et celui juvénile et rosé des angelots, pour appuyer autant sur l'ampleur du sacrifice consenti, la douleur physique et mentale, que sur le triomphe promis sur la mort.

Le cuivre n'est pas resté longtemps entre les mains des Bouzonnet, soit que l'éventuel destinataire l'ait réclamé; soit qu'il ait trouvé preneur en mémoire de l'artiste ou frappé par l'image. On me permettra de signaler ici que dans l'inventaire après décès de Charles Errard du 15 juin 1689, publié par Emmanuel Coquery (Charles Errard : la noblesse du décor, Paris 2013, p. 401), figure en tête Un crucifix où il y a une Magdeleine, une Vierge, un saint Jean de M. Stella.

S.K., Melun, septembre 2021

Jacques Stella,
Le Christ en croix, la Vierge, saint Jean, la Madeleine et des anges
Crayon noir, plume et lavis, rehauts de blanc. 29 x 24 cm
Localisation actuelle inconnue
Les cinq sens
Toile. 40 x 55 cm
Localisation actuelle inconnue.
Claudine Bouzonnet Stella,
La Crucifixion du Missel Voisin, 1660
Gravure. Env. 13,5 x 8 cm
Lyon, B.M.
Ici attribué à Antoine Bouzonnet Stella,
La Crucifixion
Plume et lavis. 13,5 x 8 cm
BnF, NAF 22741
Table générale - Table Stella
Catalogue Jacques Stella : Ensemble - Comme un pur effet de son grand amour... (1655-1657), mosaïque
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