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Suppléments à l’oeuvre des Stella depuis 2006

La Vierge à l’oeillet en ovale

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Souvent, un travail monographique, catalogue d’exposition ou simple livre, favorise l’émergence d’oeuvres portant, à juste titre ou non, le nom de l’artiste ainsi honoré. Jacques Stella l’a été par deux ouvrages complémentaires. On trouvera, rassemblé par ordre chronologique dans une mosaïque récapitulative, ce qui a pu resurgir depuis leurs publications, ce qui peut concerner aussi les Bouzonnet et quelques corrections notables pour des attributions fautives.

... Et ci-dessous, une de ces découvertes.
Sylvain Kerspern

Les Stella : suppléments aux catalogues de 2006


La Vierge à l’oeillet en ovale


Huile sur bois; 26 x 22 cm.
Apparue sur le site expertissim.com en 2007 (comme Nicolas Loir). France, Coll. part.
Mis en ligne les 18-29 avril 2008

Réapparu sous le nom de Loir, ce panneau peint ne cache pas son rapport avec la gravure par la représentation feinte de l'ovale que cet art emploie volontiers. De fait, la composition a été traduite par Nicolas de Poilly, qui désigne bien Stella comme inventeur. Quels rapports faire entre les deux? Leur sens est identique, ce qui suggère la plupart du temps un doute sur le caractère autographe de la peinture. La remarque est moins pertinente pour tout peintre-graveur ayant la pratique de l'inversion, et plus encore pour quelqu'un comme Stella qui emploie volontiers le procédé dans l'élaboration même de ses compositions (comme cela apparaît clairement à propos du thème du Christ enfant retrouvé par ses parents dans le Temple que j'ai étudié dans un article pour la Gazette des Beaux-Arts en 1989).

La peinture, d'excellente qualité, offre la palette habituelle de Stella, parme, bleu, vert olive du rideau dans l'ombre, jaune d'or pour le foulard. L'artiste a soigné les cordelettes des rideaux, méticuleusement pointés en relief. Le travail des glacis, particulièrement sensible en lumière rasante, donne aux carnations cet aspect laiteux, nacré, qui est l'une des marques de son style à sa maturité.
Pour la typologie, on en rapprochera particulièrement le Repos pendant la fuite en Égypte à la poire de Glasgow, les frontispices pour l'Imprimerie royale (ceux édités en 1640-1641, et en particulier ceux de 1644, ci-contre), l'Allégorie en l'honneur de Sublet de Noyers protecteur des arts, gravée en 1642 par Rousselet (ci-contre en bas), Minerve et les Muses du Louvre (pour la Peinture et les angelots). Cela situe l'oeuvre dans les dernières années du règne de Louis XIII, période durant laquelle se constate également le raffermissement sculptural du drapé visible ici.

Le motif de l'ovale peut troubler. Était-ce volonté consciente associée au sujet, ou simple préparation directe pour la gravure? Semblable "macque" pour l'estampe est d'ordinaire conçue en grisaille, éventuellement légèrement rehaussée de couleurs. Cette peinture, très finie (le modelé du visage de la Vierge par les transitions entre zones rosées, chairs et verdâtres, est particulièrement soigné), peut se suffire à elle-même. L'artiste a pu y voir un jeu sur l'impact d'une image, la distance du spectateur introduite par le cadre - pour un objet unique - s'associant à l'intimité de nombreuses personnes par le biais supposé de l'estampe. Ce double ressort, intimité et distance, forme l'un des fondements de l'art de Jacques Stella, dont ce panneau montre un exemple accompli.

S.K.



Frontispices d’après Jacques Stella de 1644 :
Pierre Daret pour Concilorum omnium... - Gilles Rousselet pour les oeuvres d’Ignace de Loyola

Gilles Rousselet d’après Jacques Stella Minerve et les arts, gravure, 1642
Courriel : sylvainkerspern@gmail.com.
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