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Les Stella
Catalogue de l'œuvre de Jacques Stella : Ensemble - Rejets
Ouvrages rejetés
Le fonds du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France


- La Sainte Famille, sainte Catherine et des anges présentant des étudiants,

- Le Christ enfant enseignant ses parents,

gravures de Karl Audran et Gabriel Ladame du fond de la BNF.

De Jacques Stella à Lubin Baugin

Mise en ligne en janvier 2022

Gravure de Karl Audran publiée par Herman Weyen. 35,9 x 44,8 cm. BnF
Lettre : en bas de l'image, à gauche, Herman Weyen ex / cum privil. Regis; à droite, K. Auran Sculp.; dans la marge, Matri suplex commendat Alumnos.
Exemplaires : BnF (Da 20 fol., œuvre de Jacques Stella, p. 34); Rijksmuseum (d'après Jacques Stella); Herzog Anton Ulrich-Museum Braunschweig, Kupfersticheskabinett...
Bibliographie :
* Karl-Heinrich von Heinecken, Dictionnaire des artistes, dont nous avons des estampes, Leipzig, t. 1, 1778, p. 453 (d'après Jacques Stella, « Sainte Catherine devant la Sainte Famille, accompagnée de quantité d'anges, belle pièce en largeur ».

* Michael Huber & Carl Christian Heinrich Rost, Manuel des curieux et des amateurs de l'art, Zurich, t. 7, 1804, p. 36Sainte Catherine devant la Sainte Famille, accompagnée de quantité d'anges; d'après le même (Jac. Stella). in-fol. en t. (travers). Belle pièce »)

* Marquis Luigi Malaspina Di Sannazaro, Catalogo di una raccolta di stampe antiche, compilato dallo stesso possessore Malaspina di Sannazaro, Milano, vol. 4, 1824, p. 36Riposo in Egitto, in cui presso una piramide trovasi la sacra famiglia, ed ivi la Vergine tiene il Bambino in alto sopra un piedestallo, et S. Caterina a ginocchio in atto di raccomandare alcune giovani persone, forse alludendosi ad una casa di educazione di fanciulle. Più indietro veggonsi due angeli, indicando quelli che furono di scorta nella fuga in Egitto. Non trovasi segnato nome d'inventore, ma al basso e a destra leggesi K. Audran Sculp/. Nel margine sta Matri suplex commendat Alumnas, compreso il quale si ha - A. pol. 14, l. 3 L. pol. 16, l.8 »; en marge la référence à Heineken 1778)

* Charles Le Blanc, Manuel de l’amateur d’estampes, 1854, t. I, Paris, 1854, p. 81. (« La S. Vierge sur des nues, tenant l'enfant Jésus, auquel deux anges présentent des jeunes étudiants en philosophie (Jacq. Stella?); Matri suplex... Larg. 450 millim. Haut. 362 Herman Weyen ex ... Regis »)

* Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. I, 1939, p. 73, n°30, 74, n°40
Le fond du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France est, pour Jacques Stella, un ensemble capital. Pour autant, le rassemblement de son œuvre, en particulier le fonds Béringhen, n'est pas à accepter sans réserve. En voici deux nouveaux exemples.
Situation.
L'estampe se trouve dans le recueil principal consacré aux Stella, coté Da 20 fol (p. 34). La lettre est muette sur l'inventeur, ne mentionnant que le graveur, Karl Audran (1594-1674) et l'éditeur Herman Weyen (mort en 1672). Mariette ne l'intègre pas dans l'œuvre des Stella et ce n'est qu'après lui, apparemment, que le nom de Jacques lui est attribué, sans doute sur la foi d'autres exemples de leur collaboration, à Rome comme en France. Il semble que ce soit Heineken (1706-1791) qui le premier (1778) donne cette attribution, reprise ensuite par Huber et Rost (1804), Charles Le Blanc (1854), quoiqu'avec prudence, et Weigert (1939). Sannazaro est plus prudent, ne disant mot de l'inventeur. La description de Le Blanc pourrait laisser planer un doute sur l'identification, puisqu'il situe la Vierge sur des nues mais le reste de la description, la lettre et les dimensions la confirment. En fait, il se pourrait qu'il ait repris par distraction la description de la précédente gravure qu'il catalogue d'Audran d'après Stella (cataloguée ici), dans laquelle la Vierge est effectivement ainsi placée. Cette étourderie conduit Weigert à cataloguer deux fois la pièce.
J'ai pris la peine de donner les descriptions de ces auteurs, Weigert excepté, non seulement pour soutenir cette identification mais aussi parce qu'elles forment un corpus qui permet d'éclairer l'iconographie. Le plus prudent, Sannazaro, est aussi le plus pertinent, remarquant sainte Catherine et les jeunes gens dont deux agenouillés présentent un rouleau de papier, identifiables à des étudiants : il doit s'agir de la partie supérieure d'une thèse. L'introduction de sainte Catherine d'Alexandrie rappelle qu'elle a triomphé des philosophes, et peut soutenir l'idée que l'inspiration divine et l'exemple du Christ prévaut sur la raison, ou du moins doit la conduire.

J'ai toujours été perplexe quant à l'attribution à Stella. La typologie, le drapé sophistiqué ou les coiffures animées n'ont guère à voir avec l'art de Stella, y compris traduit par Karl Audran. Les deux exemples ci-contre, l'un de la fin période romaine, l'autre de la maturité parisienne, montrent une volonté de vraisemblable dans les dispositions des vêtements et des têtes à la chevelure disciplinée. Le type de l'Enfant Jésus de notre gravure en largeur n'a que peu à voir avec celui d'inspiration classique, raphaélesque, que Stella adopte rapidement en Italie, et qu'Audran, d'ordinaire retranscrit, comme l'atteste le frontispice de 1631.
Karl Audran (1594/6-1674)
d'après Jacques Stella,
Maritalis ignis, 1631.
Gravure. 16,2 x 22,7 cm.
BnF.
Karl Audran (1594/6-1674)
d'après Jacques Stella,
Allégorie en l'honneur du prince de Condé, 1645/1646.
Gravure. 37,8 x 25,5 cm.
BnF.
Audran et Baugin.
Au cours de sa longue carrière, de la fin des années 1610 à Lyon aux années 1660 à Paris, en passant par Rome, Karl Audran aura eu au moins une opportunité de travailler d'après Lubin Baugin dans le cadre d'une entreprise éditoriale, De l'imitation de Jésus-Christ traduit par Le Maistre de Sacy et publiée par Charles Savreux pour la première fois en 1662. Parmi les cinq vignettes fournies par leur collaboration, l'invitation à imiter l'Agneau (exemplaire de 1663, B.N.C. Firenze ci-contre), par exemple, montre le type aigu des anges, leurs chevelures flottant en vagues et la construction du drapé par pans communs à notre image. Le retable de Luçon, pour sa part, donne un exemple de cet arrangement peu vraisemblable que peut employer l'un des héritiers de Parmigianino encore marqué par l'esprit maniériste.

Les documents et les sources attestent des relations de Lubin avec les Jésuites, et il ne serait pas étonnant qu'une telle image soit un jour associée à la soutenance de thèse d'un étudiant d'un de leurs collèges. Elle conserve en effet une part énigmatique, qui fait que le collectionneur Sannazaro envisage un Repos en Égypte à partir de la représentation d'une pyramide. Celle-ci faisait peut-être plutôt allusion à la ville d'origine et de martyre de sainte Catherine, qui en est le personnage pivot. La pièce ne manque pas de qualités et témoigne bien de certaines des pratiques de Baugin et de sa poésie; ainsi de l'importance du drapé dans la construction de la composition, d'une sorte de renfermement sur soi de la plupart des personnages provoquant l'escamotage fréquent des mains, sinon des bras, ou de ce souffle délicat qui vient animer les chevelures ou plaquer les vêtements.

Sylvain Kerspern, Melun, 15 janvier 2022

Karl Audran (1594/6-1674) d'après Lubin Baugin,
L'imitation de l'Agneau.
Gravure. Env. 12 x 7 cm.
Florence, B. N. Centrale.
Lubin Baugin,
La Sainte Famille, saint Jean, saint Élisabeth et des anges.
Huile sur bois. 31,6 x 22,4 cm.
Londres, National Gallery.
Lubin Baugin,
La descente de croix.
Toile. 384 x 295 m.
Luçon, cathédrale.
De Baugin à Ladame?
Bibliographie de l'estampe :

* Marie-Thérèse Mandroux-França et Maxime Préaud, Catalogues de la collection d'estampes de Jean V, roi du Portugal par Pierre-Jean-Mariette, Lisbonne-Paris, 1996, t. II, p. 216

Bibliographie sur Gabriel Ladame :

* Karl-Heinrich von Heinecken, Dictionnaire des artistes, dont nous avons des estampes, Leipzig, t. 4, 1790, p. 489.

* Franz Brulliot, Dictionnaire des Monogrammes, Munich, 1832, partie I p. 173, p. 279

* Charles Le Blanc, Manuel de l’amateur d’estampes, 1856, t. II, Paris, 1854, p. 481.

* Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. VI, 1973, p. 11, n°3
Gravure de Gabriel Ladame. cm. BnF, Da 20 fol.
Sans lettre.
Exemplaires : BnF (Da 20 fol., œuvre de Jacques Stella).
Il me semble que la restitution de la composition précédente à Baugin doit entraîner celle d'une autre estampe figurant dans l'œuvre de Stella au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale de France provenant de la collection Beringhen, acquise dès 1723. Elle représente un jeune enfant auréolé une main levée dans un geste oratoire, qu'écoutent une femme assise, la main sur le cœur, et un homme debout appuyé sur un muret, dans une attitude assez proche du Joseph de la Sainte famille étudiée plus haut.

Elle doit pouvoir être identifiée avec une mention du grand Mariette : « La Vierge et Joseph écoutant les instructions de l'enfant Jésus, burin de G. Ladame d'après Jacques Stella ». L'estampe doit être assez rare et je ne l'ai pas trouvée dans les différents fonds en ligne que je peux connaître. Il est vrai que son absence de toute inscription ne joue pas en sa faveur. Malgré l'autorité de Mariette, s'il s'agit bien d'elle, je ne vois pas plus le Lyonnais comme son inventeur. Le rapprochement des deux Joseph incitent à faire glisser pareillement d'un auteur à l'autre.

Toutefois, Gabriel Ladame (vers 1613?-après 1679) est un graveur capable d'invention : il se dit responsable de la composition qu'il traduit pour l'ouvrage du père Jésuite Philippe Briet Parallela geographiæ veteris et novæ publié chez Cramoisy en 1648. On ne peut totalement écarter un travail de montage associant plusieurs sources pour ses personnages, ce que Mariette qualifie d'ordinaire de pillage. Pour autant, je n'ai pas souvenir d'avoir rencontré chez Stella quelque modèle précis à ce qui se voit ici. Non qu'il n'ait pas travaillé d'après le Lyonnais : ils ont collaboré au frontispice du tome 2 de La perspective pratique de Jean Dubreuil publié en 1647. Deux ans plus tard, sont publiées dans une édition in-12 du Nouveau Testament pour l'Imprimerie royale des vignettes d'ouvrages antérieurs de la même institution, dont certaines d'après Stella; mais il y est fidèle au style de ce dernier, ce qui n'apparaît pas dans cette grande planche.

Sylvain Kerspern, Melun, 15 janvier 2022

Courriel : sylvainkerspern@gmail.com. - Sommaire concernant Stella - Table générale
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