Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com

Sommaire de la rubrique Attribuer

Table générale


Contact : sylvainkerspern@gmail.com

Sylvain Kerspern



Les multiples facettes de Nicolas Baullery.


1. Les sources






Mise en ligne 8 avril 2014 - retouches en juillet 2014, grâce à Vladimir Nestorov


Lire aussi :
Généalogie et biographies des Baullery Baullery au Louvre Le peintre selon van Mander Baullery et Brueghel à la noce! Baullery et Brueghel en conférence Baullery, parcours d'un grand seigneur

En 1988-1989, j’ai participé à cette belle aventure que fut l’exposition voulue par Jean-Pierre Changeux au musée Bossuet, De Nicolo dell’Abate à Nicolas Poussin, en publiant quelques pistes pour mieux comprendre un peintre fort mal connu qui avait pourtant eu la tâche de former Jacques Blanchard : Nicolas Baullery. Lors de la réunion des contributeurs, le fait de pouvoir faire un long texte sur l’artiste avait fait sourire. On connaissait deux tableaux dont un venait d’être redécouvert et que j’avais attribué avant que n’apparaisse la signature, ce qui nous valait, à lui et à moi, de participer à l’exposition; s’y ajoutaient quelques gravures, des dessins au Louvre problématiques car possibles témoignages de l’art, encore moins cerné, de son père Jérôme. Dans l’esprit voulu par notre professeur au Collège de France, j’ai essayé d’articuler cet ensemble en lui agrégeant des propositions susceptibles de l’étoffer.

J’en ai repris certaines dans une communication, quatre ans plus tard, à la Société d’histoire de l’art français, notamment celle du Hyanthe et Climène du Louvre, dont je suis pleinement convaincu, comme d’autres historiens d’art depuis. Les circonstances ne m’ont pas permis de publier dans le Bulletin ce que j’ai présenté alors et j’ai fini par en abandonner la perspective. De façon amusante, le fruit en a tout de même filtré dans une étude de Jean-Claude Boyer pour le colloque sur le dessin du Louvre (publié en 2003) ou dans les notices de certaines peintures de musées ou passant en vente, au gré des sollicitations : mon travail sur Baullery tenait désormais du filigrane.

En créant mon entreprise et le site qui l’accompagne, j’ai pu envisager de reprendre ce travail, et j’ai aussitôt mis en ligne ce qui me semblait tout à la fois constituer un point d’ancrage capital, car datable, mais aussi risquer de recevoir un accueil circonspect : le cas du Hyanthe et Climène provenant de Saint-Germain, pièce exposée au Louvre comme de Toussaint Dubreuil. Je souhaitais donc attendre un peu pour en voir la réception avant d’envisager plus complètement l’artiste. Je n’ai que trop tardé : il me faut maintenant faire connaître l’ensemble assez étoffé capable de restituer un parcours de plusieurs décennies dans une époque troublée, au temps des derniers Valois et des premiers Bourbons. Le premier épisode donne les informations léguées par les documents et les sources. Il est très riche, et la difficulté est de ne pas le rendre indigeste...

BIOGRAPHIES ET OUVRAGES DOCUMENTÉS
L’orthographe adoptée est celle des signatures du père et du fils, non celle généralement rapportée par les textes. La possible origine flamande n’en serait que plus sensible mais elle reste à prouver. Les données biographiques les concernant peuvent être retrouvées ici, ainsi qu’une brève généalogie de la famille, en espérant que les corrections apportées aux tentatives précédentes de Jal et de Jacques Thuillier ne souffriront plus des facilités de confusions inhérentes à la famille : sur trois générations, on retrouve deux Geneviève, deux Barbe, deux Judith, deux Jérôme... Avant de réunir les éléments biographiques concernant Nicolas, il faut d’abord évoquer son père.
Jérôme Baullery (1532? - 1598/1599)

Michel Rochetel, Cérés, 1551, dessin - Dresde


Jérôme Baullery est connu de 1552 à 1599, année du début de sa succession. Il est vraisemblablement né en 1532, puisque son contrat d'apprentissage - d'alloué, plus précisément - auprès de Michel Rochetel d’octobre 1552, à Paris, le dit âgé de 20 ans (Leproux 2001). Le maître, qui a travaillé avec Primatice à Fontainebleau, vient de signer le dessin pour un sujet mythologique complexe (ci-contre), que conserve le musée de Dresde, ce qui nous donne une idée du modèle donné à l’élève.

L’insertion de Jérôme dans la vie artistique parisienne le conduit à se présenter à l’élection des jurés peintres et sculpteurs en 1575 et 1581 - sans déchaîner l’enthousiasme, il est vrai. Toutefois, les amitiés signalées par les actes qui le concernent sont dignes d’intérêt : on le trouve à Paris en compagnie de Jacques Patin, peintre ordinaire du roi connu notamment pour sa contribution au ballet du duc de Joyeuse en septembre 1581 (détail ci-contre en bas), de Jacques Bénard, peintre de la reine-mère Catherine de Médicis, en 1584, enfin de Toussaint Dubreuil en 1594. On notera également que son gendre Dirck van der Laen (de Haarlem, cf. van Mander 1604; francisé en Théodore Verlant), qui avait épousé sa fille Judith, prend en apprentissage le 17 octobre 1585 le fils dudit Jacques Bénard (Grodecki 1986, p. 214-215).

Une mention de Michèle Bimbenet-Privat (1992) nommait un Baullery à Rome dans le voisinage du graveur Thomassin : Vladimir Nestorov, qui a réuni un ensemble important de documents sur les Baullery, me fait savoir que la date, 1612, qu’il a pu retrouver, interdit d’y voir le père de Nicolas mais bien son fils, qui meurt en fait en Italie.

La succession du grand-père est source de différents documents à partir de 1599, et encore en 1601-1602, entre sa veuve Denise Voisin et les héritiers du premier lit, d’avec Marie Mallo : Nicolas, Gabriel Blanchard avec qui Judith s’était remariée (parents des peintres Jacques et Jean), et Jacques Quesnel, peintre, à cause de Geneviève son épouse (Arch. nat., M.C., CV, 156).

S’il a travaillé pour l’un des châteaux de la couronne (notamment le Louvre, comme peuvent le laisser croire certains auteurs, qui semblent tout de même le confondre avec son fils), plus rien n’en est connu et aucune oeuvre assurée de sa main ne nous est parvenue : nous verrons bientôt que les liens des dessins du tournoi de Sandricourt avec la production de son fils sont trop forts pour que puisse encore être envisagée l’hypothèse qu’ils soient de sa main.


Jacques Patin, Illustration pour le ballet du duc de Joyeuse de septembre,
1581, gravure (détail)- Bnf


Nicolas Baullery (vers 1560-1630)
Nicolas est probablement né vers le temps où son père portait Jean Le Clerc (futur graveur et éditeur... de Nicolas Baullery) sur les fonts baptismaux (Weigert et Préaud 1976). Il apparaît pour la première fois dans les documents lors du baptême de sa fille, Catherine, le 26 novembre 1585. Les autres enfants baptisés de son premier mariage avec Edmée Le Febvre, Jérôme (en 1587) et les deux Jacques (en 1588 et 1589) disparaissent assez vite. Seule Catherine, qui épouse Pasquier de Lisle en 1610, vit encore en 1630 (voir aussi Arch. nat., M.C., LI, 136, 23 novembre 1622); son contrat de mariage date du premier janvier 1608 (selon l’inventaire après décès de Nicolas Baullery, Arch. nat., M.C., CV, 180, 19 avril 1630). Catherine avait d’abord été promise au peintre et sculpteur Pierre de Hanssy le 7 août 1605 (Arch. nat., M.C., CV, 165) mais le contrat fut annulé le 6 janvier 1606.
La naissance du second Jacques est sans doute fatale à Edmée Le Febvre; Nicolas épouse Marie de Lisle (soeur de Pasquier, son futur gendre), qui donne naissance à Isabiau (en 1592), Jean (1593), Barbe (1595) et enfin Geneviève (1604). Les deux dernières vivent encore lorsque leur père disparaît; elles s’étaient mariées à Simon Cornu, peintre à ses heures (cf. Beresford 1985; Kerspern et Poupel 1991, p. 189-190; Kerspern 1997, p. 20) et à ... Jacques Quesnel, marchand libraire. Au gré des actes, on rencontre de nombreux peintres (Jacques Bénard à nouveau, Jean Dangers, François Bouvier ou les Quesnel) mais aussi le sculpteur Pierre Biard en 1595 .


Lors de la succession de Jérôme, Nicolas était suffisamment à son aise pour racheter les parts de la maison paternelle, rue de la Verrerie, à ses beaux-frères : l’affaire adjugée par sentence à 1500 écus dès le 27 mars 1602 est réglée le 29 mars 1604 (inventaire après décès de Nicolas, Arch. nat., M.C., CV, 180, 19 avril 1630). Ceci confirme un succès que suggérait la mention de van Mander mais qui ne nous apparaît plus qu’aux abords de 1610. Dès 1606, ses grandes compositions peintes de la Réduction de Paris sous l’obéissance d’Henri IV sont largement diffusées par les placards édités par Jean Le Clerc. En 1610, il représente pour le même éditeur le Couronnement de Marie de Médicis gravé par Léonard Gaultier alors que Leclerc publie un Livre de portraiture orné d’un frontispice de son invention.

De 1607 à 1618, il peint de nombreux Petits mays, n’ayant pour seul véritable concurrent qu’un certain ... Quesnel, ce qui en fait une affaire de famille seulement brisée par le retour de Claude Vignon (P. Laharie, 1992, p. 252-253). Il a travaillé pour la tapisserie dans le cadre d’une commande pour sa paroisse, Saint-Jean-en-Grève, en 1616 (Arch. nat., M.C., III, 502, 13 juillet 1616, marché inédit de Nicolas Dodun, tapissier, avec les marguilliers). Le carton mentionné a pour sujet Notre-Seigneur chassant les marchands du Temple; il fait apparemment partie d’une suite de quatre pièces (avec une Nativité, une Adoration des mages et La femme adultère), suivant le marché de tenture d’Edme Leroy en 1715 (cf. Mireille Rambaud, Documents du Minutier central concernant l’histoire de l’art (1700-1750), II, Paris, 1971, p. 1066).

C’est en 1613 qu’il prend en apprentissage son neveu Jacques Blanchard (Thuillier1978). Huit ans plus tard, en 1621, le frère cadet Jean sera placé à 13 ans auprès d’un autre oncle, Jacques Quesnel (Fleury et Constant 2010).

D’autres commandes importantes prennent place dans les dernières années de son activité : il peint une Descente de croix pour les Chartreux de Paris, qui l’installent à l’autel du chapitre en 1619; et un grand retable avec une Annonciation et des Prophètes pour le couvent des Blancs-Manteaux en 1623.

Différents inventaires témoignent d’une production à succès, pour amateurs.
En 1621, l’inventaire après décès de Sara Lhermytte à requête de Pierre Desmartins son époux, maître peintre et “marchand de la Chyne”, demeurant aux Galeries du Louvre (personnage évoqué par Antoine Schnapper, 1994, p. 87), dont Nicolas Sainte-Fare-Garnot m’avait aimablement signalé l’existence (Arch. nat., M.C., XLII, 61, 4 août 1621) cite de ses ouvrages. «Dans le grand cabinet du château des Tuileries s’est trouvé trois tableaux de cinq pieds de long ou environ (soit environ 1,60 m.) faits de la main du sieur de Boulery, peintre à Paris», à savoir une Estroyne de mariée, une Tentation de saint Antoine et Notre-Seigneur guérissant les impotents au Temple, estimés ensemble 108 livres. A la suite sont deux grands tableaux d’histoire (de 12 pieds de long, soit 3,90 m.) qui ont peu de chances d’avoir appartenu au couple, et le statut de ces ouvrages “trouvés” dans ce cabinet des Tuileries ne peut être établi formellement.
La mention explicite du nom de l’auteur des trois premiers tableaux nous est précieuse. Le premier des trois sujets, difficilement lisible, semble être une Offrande à la mariée à la mode de Brueghel, par confrontation avec l’inventaire de Desmartins lui-même en 1639 (“Nopces de village”; Arch. nat., M.C., XLII, 97, 29 décembre 1639). Pour sa part, le neveu Jean Blanchard conservait encore en 1665 un tableau d’un sujet voisin du troisième, Le Christ guérissant les estropiés, figurant en tête de son inventaire (Sterling 1961).

Les inventaires de Jacques Blanchard publiés par Richard Beresford en 1985 ne nomment pas Baullery mais on peut sérieusement s’interroger sur les tableaux suivants : Des gueux prenant du tabac(?); Un ballet de masques ou Mascarade, Un procureur, et une Danse de village, mentionnés dans les deux inventaires de 1637-1638; ces titres évoquent l’un, la mention de van Mander, et les autres, certains tableaux d’inspiration “brueghelienne” dont il va être question.

L’inventaire après décès du célèbre marchand Perruchot, en 1661, mentionne des Aveugles : j’avais fait la même lecture qu’Antoine Schnapper (1994, p. 95) de cette mention publiée par Robert Le Blant (1984), qui n’avait pas su l’interpréter.
Graveur anonyme d’après Nicolas Baullery, éditée par Jean Le Clerc, Paris, 1606,
Reddition de Paris par Henri IV en trois volets
1. Entrée dans Paris par Henri IV

2. Henri IV se rendant à Notre-Dame

3. Le départ des Espagnols sous l’oeil d’Henri IV


Le couronnement de Marie de Médicis, gravure de L. Gaultier, 1610

Offrande à la mariée, vente Sotheby’s 1991
Les sources : à propos des chantiers royaux au temps d’Henri IV et Marie de Médicis
La réputation de Nicolas en son temps est confirmée par Félibien et Perrault, même s’ils le confondent avec son père (Félibien, 1679, III, 5è Entretien, p. 135-136). Arrêtons-nous un instant sur la mention du premier :
« Pendant (que Jacob Bunel) peignoit la petite gallerie du Louvre, David & Nicolas Pontheron, Nicolas Bouvier, Claude et Abraham Hallé travailloient aux ornemens, & aux dorures de la mesme gallerie. Jerosme Baullery estoit aussi un de ceux qui peignoient au Louvre ».
Les quelques comptes royaux conservés, que Félibien a dû consulter, complétés de documents d’archives, permettent d’en tirer grand profit.

Tout d’abord, il faut revenir sur ce que Jacques Thuillier écrit dans son catalogue sur Jacques Blanchard (1998). Le Baullery mentionné par van Mander ne serait pas Nicolas, le maître de Jacques Blanchard, mais Jérôme en s’appuyant d’abord sur le texte de Félibien. Suivre ce dernier paraît difficile : ce qu’il dit des artistes des chantiers royaux au temps des Bunel, Lerambert, Dumée ou Dubois n’est pas toujours précis, comme on va le voir. Au demeurant, Jérôme Baullery n’appartient pas à leur génération; il est déjà mort en 1599, au moment où ces artistes arrivent sur les chantiers royaux, ou peu s'en faut. Les propositions qui vont suivre pour son fils Nicolas dessinent une personnalité en accord avec le texte de van Mander, qui parle d’un artiste vivant, qu’il a pu rencontrer : l’impact flamand dans son oeuvre vient peut-être d’un voyage prenant place dans les lacunes des archives mais il est vrai aussi que la colonie flamande à Paris était importante et que les échanges artistiques avec les Flandres étaient fréquents.

Attardons-nous sur les autres noms mentionnés par Félibien. Les Pontheron et Bouvier habitaient, comme Baullery, la rue de la Verrerie, et des liens se sont tissés entre tous ces hommes. Nicolas Baullery, a-t-on dit, est en 1606 le parrain de Nicolas Bouvier, que Félibien doit confondre - lui aussi - avec son père, François. Ce dernier est en 1625 associé à Nicolas Pontheron pour l’entretien du logis bas du Louvre; en 1618, il était dit “avoir soing des grands et petits tableaux du pourtour et platfonds des grands et petits cabinets de la Royne”(N.A.A.F., 1872, p. 14, sous le nom de Boursier - on l’appelle aussi, parfois, Bouverye-; p. 45 pour 1625). Il avait épousé une fille de David Pontheron, Jeanne, dont Jal dénombrait cinq enfants de 1602 à 1607. Bouvier meurt en 1625-1626 : le 10 novembre 1626, son fils Nicolas, parrain de la fille de Nicolas Pontheron, se dit fils de feu François Bonnier (selon Jal, 1872, p. 246-247).

Son associé Nicolas Pontheron est connu par une série de documents dont les plus intéressants concernent les bâtiments royaux, en l’occurrence le Louvre. Il passe marché le 21 janvier 1610 pour le décor de deux chambres situées au-dessus du cabinet de la reine au Louvre; le 28 avril, lui sont adjugées les ouvrages à faire à l’occasion du sacre de Marie de Médicis; le 11 juin suivant, il est chargé de partie de la décoration du Grand cabinet du roi du Louvre. Il passe marché, le 18 janvier 1614, pour des ouvrages de peintures à un plafond de menuiserie au Cabinet de la reine (-mère) (Collard et Ciprut 1963; Collard 1965; Erlande-Brandenbourg 1966).

Les documents du Minutier central permettent d’établir qu’il était le fils d’un Pierre Pontheron, déjà mort lors du mariage de Nicolas en 1609 avec Marie Guéret (CV, 179, 25 juillet), et de Marie Jacquier, qui fait partie d’une famille d’artistes que l’on retrouve également dans l’entourage des Baullery. On ne s’étonnera pas de voir Nicolas travailler non loin de Baullery en 1623 : aux Blancs-Manteaux, il est chargé de la peinture et dorure du tabernacle devant le retable peint par Nicolas. Il meurt en 1637 (Arch. nat., M.C., III, 559 et 562, 7 août 1636 et 21 novembre 1637). David était son frère aîné, marié dès 1598, qui disparaît en 1616 (Fleury et Constant 2010).

Quant aux « Hallé », ils doivent correspondre, en fait, à Claude et Abraham Sallé. Abraham est maître-peintre à Fontainebleau en 1608, puis à Paris dès le 20 février 1609(Arch. nat., M.C., XIX, 363). Claude, qu’une foule de documents au Minutier central permet de suivre, figure sur l’Etat de 1618 comme “peintre nouvellement retenu par Sa Majesté pour servir aux peintures de ses bâtiments” (N.A.A.F., 1872, p. 45). Sa soeur Marguerite épousa Jean Bertrand (encore compagnon peintre en 1610), qui allait également fréquenter les chantiers royaux à partir de 1628 (à Fontainebleau, puis Saint-Germain - voir ici).

Ces précisions laissent pressentir, auprès des grands maîtres tels Dubois, Bunel ou Fréminet, un groupe consistant de peintres excellents praticiens en particulier dans l’ornement, ce qui explique qu’ils aient sombré dans l’oubli. Baullery pouvait s’en distinguer puisqu’il pratiquait l’histoire. On perçoit au passage l’un des aspects des choix de la politique artistique d’Henri IV poursuivie sous Louis XIII : les réalisateurs des décors puis leurs descendants pouvaient en devenir les conservateurs.
Cabinet de la reine-mère au Louvre
pour les ornements duquel Pontheron passe marché en 1614.
Contributions de ...
... Attribué à Nicolas Baullery, Marie de Médicis au bras de Ferdinand son père
Toile. 116 x 85 cm. Cherbourg, Musée Thomas-Henry

... Guillaume Dumée, Olinde et Sophronie délivrée du bûcher,
Toile. 114,5 x 99. Coll. part.
Revenons à Nicolas Baullery. Les différentes indications amassées jusqu’alors ne dessinent pas une figure facile à cerner : peintre d’histoire et de genre, décorateur de châteaux royaux, d’églises ou de couvents, mais aussi capable de compositions au ton plus flamand qu’italianisant. Il est remarquable de voir sa peinture pour les Chartreux qualifiée, à l’époque où Félibien évoque l’artiste, de copie de Jordaens - idée certainement fausse mais révélatrice de sa veine nordique, perceptible dans ses Adorations conservées. Cette figure, essayons de la définir.

À suivre

Bibliographie :
van Mander 1604 : Karel van Mander, Het Schilder-Boeck (Le livre des peintres), Harlem.
Félibien 1679 : André Félibien, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres ..., Paris, t. III, 1679.
Perrault 1696-1700 : Charles Perrault, Les hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle. Avec leurs portraits au naturel, Paris, 2 vol., II, p. 93.
Sauval 1724 : Henri Sauval, Histoire et antiquités de la ville de Paris, Paris, II, p. 34.
Bérard 1872 : André Bérard, Dictionnaire biographique des artistes français du XIIè au XVIIè siècle, Paris, p. 51 (Jérôme) et 89 (pour Jérôme et “Jean”) (l’ouvrage s’arrête, en fait, au XVIè siècle).
Jal 1872 : Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, Paris, 1867, 2è édition, 1872;
Guiffrey 1915 : Jules Guiffrey, Artistes parisiens du XVIè siècle et du XVIIè siècles ..., Paris.
Sterling 1961 : Charles Sterling, “Les peintres Jean et Jacques Blanchard”, Art de France, I, 1961, p. 76-118.
Collard et Ciprut 1963 : L. H. Collard et E. J. Ciprut, Nouveaux documents sur le Louvre, Paris, 1963.
Collard 1965 : L. H. Collard, “Aperçu sur le mobilier de quelques églises parisiennes au XVIIè siècle...”, Bulletin de la société de l’histoire de l’art français (Année 1964), 1965, p. 159-171.
Erlande Brandenbourg 1966 : Alain Erlande-Brandenbourg, “Les appartements de la Reine-mère Marie de Médicis au Louvre”, Bulletin de la société de l’histoire de l’art français (Année 1965), 1966, p. 105-113
Fleury 1969 : Marie-Antoinette Fleury, Documents du Minutier Central concernant les peintres, les sculpteurs et les graveurs au XVIIe siècle (1600-1650), t. 1, Paris.
Béguin 1970 : Sylvie Béguin, I disegni dei maestri. Il Cinquecento francese, Milan, p. 90
Weigert et Préaud 1976 : Roger-Armand Weigert et Maxime Préaud, Bibliothèque Nationale, Cabinet des estampes. Inventaire du fonds français : graveurs du XVIIè siècle, tome VII, Paris (p. 430).
Thuillier 1978 : Jacques Thuillier, “Documents sur Jacques Blanchard”, Bulletin de la société de l’histoire de l’art français (Année 1976), 1978, p. 81-83, 87-88, 89-90.
Roy 1980 : Alain Roy, Les envois de l’état au musée de Dijon (1803-1815), Paris, p. 39-41.
Le Blant 1984 : Robert Le Blant, “Un marchand de tableaux bourguignon au XVIIè siècle. Nicolas Perruchot”, CIXè congrès national des sociétés savantes, Dijon, t. 1, p. 231.
Beresford 1985 : Richard Beresford, “Deux inventaires de Jacques Blanchard”, Archives de l’art français, XXVII, p. 107-134.
Cordellier 1985 : Dominique Cordellier, “Dubreuil, peintre de la Franciade de Ronsard au Château-Neuf de Saint-Germain”, Revue du Louvre et des musées de France, 1985, p. 357-378.
Pérot 1985 : Jacques Pérot, Musée national du château de Pau. Quinze années d’acquisitions, 1970-1984, Paris, p. 35-40.
Ehrman 1986 : Jean Ehrman, Antoine Caron, Paris, 1986.
Grodecki 1986 : Catherine Grodecki, Documents du Minutier Central des notaires de Paris. Histoire de l’art au XVIè siècle (1540-1600), II, Paris.
Charles 1987 : Isabelle Charles in cat. exp. La Chartreuse de Paris, Paris, Carnavalet.
Cat. exp. Meaux 1988-1989 : De Nicolo dell’Abate à Nicolas Poussin : aux sources du classicisme (1550-1650), Meaux, musée Bossuet, n° 15.
Bimbenet-Privat 1992, Michèle Bimbenet-Privat "Les orfèvres français à Rome 1500-1620", Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée, 1992, vol 104, n°104-2, p. 473
Laharie 1992 : Patrick Laharie in cat. exp. Images de confréries, Paris, B.H.V.P, p. 252-253.
Kerspern 1993, notices sur Jérôme et Nicolas Baullery pour l’Allgemeines Künstlerlexikon, t. 7, p. 573.
Schnapper 1994 : Antoine Schnapper, Curieux du Grand Siècle. Collections et collectionneurs dans la France du XVIIè siècle, Paris, 1994.
André Chastel 1994, L’art français. II, Temps modernes, 1430-1620, Paris,1994, p. 247.
Thuillier 1998, Jacques Thuillier, cat. exp. Jacques Blanchard, 1998, p. 15.
Leproux 2001 : Guy-Michel Leproux, La peinture à Paris sous le règne de François 1er, Paris, 2001, p. 186
Pacht Bassani Paola 2003, « Marie de Médicis et ses artistes » in actes du colloque Le siècle de Marie de Médicis, Paris, 2003, p. 81-94.
Boyer 2003 : Jean-Claude Boyer, "Le dessin en Lorraine au début du XVIIè siècle " in Dessins français aux XVII et XVIIIè siècles (actes du colloque, Paris, 1999), Paris, 2003, p. 68-70.
Pacht Bassani Paola 2004, in cat. exp. Marie de Médicis, Blois, 2004, p. 154-157, 162.
Fleury et Constant 2010 : Marie-Antoinette Fleury et Martine Constant, Documents du Minutier Central concernant les peintres, les sculpteurs et les graveurs au XVIIe siècle (1600-1650), t. 2, Paris.
Courriel : sylvainkerspern@gmail.com.
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