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Les Bouzonnet Stella, biographies croisées

Table concernant les Stella - Table générale

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Début de mise en ligne le 3 octobre 2022

« Il y a des familles où le goût de certains arts se perpétue et devient pour ainsi dire héréditaire. Soit qu'on doive l'attribuer à la force de la nature, soit que l'exemple et l'éducation y ayent plus de part, il est toujours certain que l'on voit quelquefois les enfants succéder dans leurs biens, et s'en faire en quelque façon un patrimoine qui leur devient d'autant plus avantageux qu'il leur est aisé de l'augmenter. (...)
(Jacques Stella) n'eut d'autres élèves que ceux qu'il forma dans sa propre famille, un neveu et trois nièces, qu'il avoit fait venir de Lyon, pour demeurer auprès de luy, tous quatre enfants d'une de ses sœurs(...).
Çauroit été une espèce d'injustice de séparer une si illustre famille, et chaque chose séparément auroit peut-être perdu de son prix. »

(Mariette, vers 1725)

Enfants de Madeleine Stella et Étienne Bouzonnet (1636-1644)
Claudine Antoine Françoise Antoinette, Sébastien
1635 * 13 janvier ,
mariage de Madeleine Stella avec Etienne Bouzonnet (Szanto in cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, p. 45);

* 25 juin,
quittance de donation portée au contrat de mariage de Madeleine Stella (détail ci-contre) (Szanto in cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, p. 45).
1636 * 7 juillet,
baptême de Claudine, paroisse Sainte-Croix de Lyon;
son parrain est François Roy, marchand bourgeois de Lyon que le contrat de mariage, auquel il assiste, dit cousin d'Étienne Bouzonnet; la marraine est Claudine de Masso, sa mère-grand (Lyon, A.M., 1GG393, 161v°).

1637 * 25 novembre,
baptême d'Antoine, paroisse Sainte-Croix de Lyon;
son parrain est Antoine de Masso, me. orfèvre; la marraine est Étiennette Roy, femme de feu Jacques Payelle (Lyon, A.M., 1GG393).

1638 * 12 décembre,
baptême de Françoise, paroisse Sainte-Croix de Lyon;
son parrain est Claude du Clair, me. horloger; la marraine est Françoise Stella (Lyon, A.M., 1GG396).

1641 * 24 août,
baptême d'Antoinette, paroisse Sainte-Croix de Lyon;
parrain, Jean Clément de Belle-Croix, chanoine et maître du chœur de l'église St-Just; marraine, Antoinette femme de Barthélémy Robert, garde (Lyon, A.M., 1GG396).

1642 * 18 avril, lettre de Nicolas Poussin mentionnant le départ le 16 de Jacques Stella pour Lyon « où il restera tout l’été », les lettres des 22 et 30 mai, 13 et 27 juin, 25 juillet, le 18 septembre le confirment (Charles Jouanny, Correspondance de Nicolas Poussin, Paris 1911, p. 138; Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 46).
* 18 juillet, selon la lettre de Nicolas Poussin du 28 juillet, un envoi destiné à Cassiano dal Pozzo est posté par Jacques Stella au courrier de Lyon ce jour-là (Charles Jouanny, Correspondance de Nicolas Poussin, Paris 1911, p. 169-170);
* 18 septembre, lettre de Nicolas Poussin à Cassiano dal Pozzo annonçant son départ imminent pour Rome en passant par Lyon où Stella doit encore séjourner; (Charles Jouanny, Correspondance de Nicolas Poussin, Paris 1911, p. 169-170)
Le 26 novembre encore, Sublet de Noyers écrit de Paris à M. de Chantelou que Stella lui à « écrit » que Poussin (lui a dit lors de son passage à Lyon qu'il) ne reviendrait pas de Rome; le séjour de Jacques dans sa ville natale doit donc s'étaler sur plusieurs mois, d'avril à novembre. Il doit notamment prendre toutes les dispositions pour installer auprès de lui à Paris sa mère, Claudine de Masso, et probablement Françoise Stella, sa sœur, qui a tenu Françoise Bouzonnet sur les fonts baptismaux en 1638 et qui sera marraine, paroisse du Louvre, le 8 février 1645. Les enfants Bouzonnet sont sans doute encore trop jeune, Claudine et Antoine, 6 et 5 ans, compris, mais l'idée de les former à la peinture et à la gravure peut commencer à faire son chemin.

Jacques Stella,
Autoportrait avec sa mère, Claudine de Masso,
vers 1644? Toile. 65 x 55 cm.
Vic-sur-Seille, Musée départemental Georges-de-La-Tour.
1644 * 13 avril,
baptême de Sébastien, paroisse Sainte-Croix de Lyon;
parrain, Sébastien Pellissier, marchand de soie; marraine, Catherine Messier. (Lyon, A.M., 1GG396)

Naissance d'un atelier autour de l'oncle (v. 1646-1652)
Claudine Antoine Françoise
1646
-
1652
* Publication de Le Vray trésor de l’histoire sainte sur le transport miraculeux de l’image de N. D. de Liesse, de Jean de Saint-Pères, chez la veuve Denis Moreau orné de gravures de Jean Couvay et François de Poilly d’après Stella pour sept illustrations; l'achevé d'imprimer de la version in-4° est du 28 février 1647; celui de la version in-8° avec gravure sur bois est du 9 avril 1647.

* 26 juillet 1647: mort de François, frère de Jacques, “maistre peintre demeurant rue de la Coutellerie”. Leur mère et Jacques renoncent à la succession au profit de sa veuve; le document qui en fait état, publié par Marie-Antoinette Fleury (1969), signale un petit atelier qui confirme l’indépendance prise par le cadet; (Jal, 1872, p. 1150; Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 47)

* En 1648, Chantelou grave le Christ rédempteur sur un dessin et sous la conduite de Stella (ci-contre), selon Mariette (Notes manuscrites..., BnF, cité in Kerspern 1993-1994, n. 8; ill. 1);

* En 1650, Antoine est à Paris, selon son témoignage en faveur de Jacques Barri à Venise en 1664, qu'il y rencontre alors (voir commentaire ci-dessous; le document est étudié ici).

C'est avec l'appui des notes de Mariette que j'ai placé vers 1648 le début de l'apprentissage des Bouzonnet, après la mort de l'autre oncle, François. Il situe les premières gravures des Jeux et plaisirs de l'enfance faite par Couvay et Poilly, suite que terminera Claudine, au moment de leur collaboration à l'illustration de l'ouvrage sur Notre-Dame de Liesse, qui paraît en 1647. Parmi les essais à la gravure des frères Fréart sous la conduite de Jacques, il date de 1648 le Christ rédempteur. Pour cela, il fallait le matériel nécessaire à sa pratique, réuni pour la formation des neveux et nièces. D'autres arguments pouvaient venir battre en brêche l'idée d'une installation au moment du changement de logement, en 1654 qui a pu être envisagée, comme la peinture en ex-voto de Claudine de 1653 et son premier ouvrage gravé daté de l'année suivante, Saint Louis donnant l'aumône, sans parler des témoignages d'un long apprentissage. Une mention italienne récemment publiée vient apporter une confirmation peu contestable. Antoine Stella témoigne à Venise le 18 février 1664 du célibat de Jacques / Giacomo Barri au moment de se marier, affirmant le connaître depuis 14 ans, donc 1650 (voire 1649), lorqu'il l'a rencontré à Paris où il était venu se former à l'art de peindre. Claudine, son aîné, était certainement déjà là également, peut-être aussi Françoise, d'un an plus jeune qu'Antoine seulement.

François de Poilly d'après Stella,
Construction de N.D. de Liesse, gravure, 1646-1647. BnF

Paul Fréart de Chantelou d'après Stella,
Le Christ rédempteur, 1648. Eau-forte. BnF
Premières productions (v. 1653-1658)
Claudine Antoine Françoise Antoinette, Sébastien
1653 * Claudine doit avoir été assez gravement malade; en remerciement de sa guérison, elle peint un ex-voto destiné à Notre-Dame de Fourvière signé et daté de cette année. Le tableau, perdu, nous est connu par le relevé à la sanguine que Pierre-Jean Mariette, grand admirateur de la graveuse, en fit faire, conservé à l'Asmolean Museum, aussi bien de l'ensemble de la composition que de l'autoportrait que Claudine y avait glissé.


« Entourage de Pierre-Jean Mariette »
d'après Claudine Bouzonnet Stella,
Ex-voto de Notre-Dame de Fourvière, vers 1718? Sanguine. Ashmolean Museum

22,4 x 22,5 cm.(autoportrait ci-dessus).

14,9 x 22,4 cm. (ensemble du tableau ci-contre)

1654 * Stella change de logement au Louvre avant le 2 juillet, date du brevet de son remplacement au second logement, qu’il occupait depuis au moins 1641, par Jean Valdor (Huard 1939; Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 47).
Si les logements avaient tous les même caractéristiques, le déménagement tardif de Stella s'explique mal. Il passe du 2è proche la rue Fromenteau et la salle des Antiques au 26è, presqu'à l'autre bout de la Grande Galerie, non loin de l'ancien logement de Simon Vouet (23è) et parmi ceux concédés aux tapissiers du roi, Maurice Dubout puis son fils (24è), Girard Laurent (25è) et Pierre Dupont (27è), mort en 1640. Ces derniers demandaient peut-être de plus grands espaces, et il se peut que Jacques ait souhaité pouvoir y héberger le reste de sa famille : Antoinette prend cette année 13 ans, Sébastien 10.

* Étienne Bouzonnet a continué jusqu'alors son activité d'orfèvre à Lyon (Gisèle Godefroy, Les orfèvres de Lyon et de Trévoux, Lyon, 1965, p. 96).

* Claudine signe et date de cette année le Saint Louis donnant l’aumône, gravure d’après son oncle, dans la lettre. Dès cette époque, elle accole dans sa signature au nom de son père celui de l'oncle Jacques (Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 234; Thuillier 2006, p. 120).

Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques.
BnF
1657 - 23 avril, les problèmes de santé de Jacques Stella s’aggravent (Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 48).

- 28 avril, Jacques Stella passe testament dans l’étude du notaire Gigault (acte perdu mais mentionné dans son répertoire et par l’inventaire de Claudine, en 1697) (Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 48). Certaines clauses du testament perdu sont connues : il demandait que ses neveux et nièces choisissent chacun un des tableaux de Poussin de sa collection (voir 1658); il avait prévu une pension pour l'entretien à Rome d'Antoine pendant cinq ans (Guillet 1854, I, p. 423); Claudine de Masso fut nommée héitière universelle, et Étienne Bouzonnet son exécuteur testamentaire. Le consensus autour de ces décisions fit sans doute qu'aucun inventaire ne fut fait alors.

- 29 avril, Jacques Stella meurt au Louvre (Jal, 1872, p. 1150; Herluison, 1873, p. 416); aussitôt, le roi confirme à ses neveux par brevet la conservation du logement selon des dispositions sans doute discutées par Jacques dans les jours qui précèdent (A.A.F., III, 1853-1855) :
«(...) Jacques Stella l’un des peintres de Sa Majesté estant décédé aujourdhuy, au moyen de quoi le logement qu’il occupait au-dessus de la grande galerie de son chasteau du Louvre dans lequel il avait fait plusieurs réparations et accomodements à ses dépens estant vaccant, sa Majesté désirant le remplir de personnes dont la vertu et suffisance dans les arts correspondent au désir qu’elle a que lesdits logements soient toujours remplis de gens rares et excellents, et ayant particulière connaissance du soin extraordinaire que ledit défunt Stella a pris depuis de longues années d’instruire et élever dans l’art de peinture et de gravure Anthoine Bouzonnet Stella son nepveu, et Claude Bouzonnet Stella sa niepce, frère et soeur, qu’il a rendus capables de mériter par leur intelligence et capacités digne rang parmi les plus vertueux”, le logement vacant leur est attribué, conjointement ou par moitié, aux mêmes conditions que celles accordés au défunt; “même pour d’autant gratifier et favorablement traiter lesdits Anthoine et Claude Bouzonnet Stella, sadite Majesté veut qu’après le décès de l’un d’eux, le survivant jouisse seul dudit logement entier, si ce n’est que pour lors sadite Majesté aimât mieux disposer de la moitié vacante en faveur de l’un des autres neveux ou nièces dudit Stella, lesquels font pareillement profession desdits arts de peinture et de gravure, le tout à la charge que Claudine (de) Masso, mère dudit défunt Stella demeurera sa vie durant, dans ledit logement et que Claude Bouzonnet Stella venant à se marier, prendra un artisan agréable à sa Majesté». (Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 48; Thuillier 2006, p. 29).
- 19 juillet, acte de donation de Claudine de Masso à ses filles et ses petits-enfants, mentionné par son testament du 11 avril 1660 (Arch. Nat., M.C., CXIII, 47) reconnue par devant Gigault, notaire, acte perdu (Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 48).

- 10 août, Claudine Bouzonnet Stella obtient le privilège de « graver, faire graver et imprimer tous les desseins de Jacques Stella son oncle, vivant peintre ordinaire du Roi, tant qu’autres, ou de son invention particulière, ou qu’elle auroit recouvrés de quelqu’autre (...) ». Le document précise notamment que Jacques Stella « luy a laissé plusieurs de ses desseins tant de sujets d'histoire, que d'ornemens pour la decoration des édifices, qu'il a fait graver de son vivant, avec l'explication d'iceux », ce qui doit s'appliquer aux ouvrages que Claudine publie dès 1657-1658, gravés par Françoise et Claudine (Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 241; Thuillier 2006, p. 231)(extrait inséré dans Les jeux et plaisirs de l'enfance ci-contre).

- 17 août ou novembre, lettre d’Antoine Bouzonnet Stella à Nicolas Poussin proposant ses services dans la perspective de son séjour à Rome.

De Paris, ce 17 aou [ou nov(embre), cf. S. Laveissière 1996-2] 1657, Monsieur, La cognoissance que j'ai des grâces que vous avez faittes (à) feu Mons.r Stella, mon oncle, de lavoir honnoré de vostre a[mitié] ma donné la liberté de vous faire ces lignes pour vous s[up]plier tres humblement d'agréer les offres que je vous fais de mes petis servise qui vous sont offert aveq soubmissi[on]. Je say bien que ces une temerité à moy que d'offrir sy peu de choses à une personne de vostre merite. La confi[ance] que jay en vostre bonté men fait espérer le pardon [puis]qu'avez faict la grace à loncle, soufrez que cette mes[me] bonté la fasse rejaillir sur le nepveu qui ne faict aua[tres] prieres à Dieu que pour l'augmentation de vostre san[té] et qu'il lui fasse la grace de vous tesmoigner qu'il est a[vec] vostre permission.
Vostre tres humble, tres obeisan et tres affectionne serviteur,
ABouzonnet Stella.
(en travers dans la marge)Ma mere grand vous salue et tous ceux de notre famille et vous remersion tous et moy particuilierement de la faveur vous nous faitte de nous promettre une de vos chefdœuvres. Je vous prie si vous nous faite l'honneur de nous escrire de mestre la dresse sous le nom de Stella parce que la vostre dernière, il ure de la peine à trouver le lieu parce qu'il ne cognoissoit pas le nom.

La remarque en marge permet de comprendre que le fait d'accoler le nom de Stella à celui de leur père eut aussi pour intérêt d'être reconnu au Louvre.

- Claudine publie Les jeux et plaisirs de l'enfance portant au frontispice la date de 1657, dont elle a gravé l'essentiel des sujets, prenant le suite de Jean Couvay et François de Poilly qui avait traduit cinq sujets vers 1646-1647.

- Claudine publie Mesures et proportions du corps humain portant au frontispice la date de 1657, dont elle a gravé toutes les planches et la préface.

- Selon Félibien, Nicolas Poussin peint alors La naissance de Bacchus(Fogg Art Museum, Cambridge, Mass., USA) pour Stella.
On peut avec vraisemblance identifier le tableau du Normand avec le chef-d'œuvre qu'il promet à la famille de son ami défunt selon la lettre d'Antoine d'août, d'autant que le sujet évoque le cycle fécond de la vie et de la mort. Il sera choisi par Antoinette, selon le document du 23 août 1658.

Extrait du privilège du 10 août 1657 in Les jeux et plaisirs...

Lettre d'Antoine Bouzonnet Stella à Nicolas Poussin, 17 août ou novembre 1657. Louvre, Cabinet des dessins, Inv. RF 762 Verso

Claudine B. Stella d'après Jacques, frontispice de Les jeux et plaisirs de l'enfance, 1657. Gravure.

Dédicace aux enfants de Thou de Les jeux et plaisirs...

Claudine B. Stella d'après Jacques, frontispice de Mesures et proportions du corps humain, 1657. Marché d'art en 2019.
1658 - 23 août, acte de donation de cinq tableaux de Poussin à ses petits-enfants (Arch. Nat., M.C., XLV, 204) (Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, Sylvain Laveissière dir., p. 48; 259-260).
Accomplissant l'une des dernières volontés d'oncle Jacques, chacun des enfants Bouzonnet choisit un des tableaux de Poussin de sa collection. Claudine opte pour La crucifixion, qu'elle gravera, Antoine, Le frappement du rocher qu'il copiera, Françoise, Moïse exposé sur les eaux, Antoinette, La naissance de Bacchus et Sébastien, Saint Pierre guérissant un boiteux (ou Saint Pierre et saint Jean à la porte du Temple). Claudine signe en toutes lettres prénom et nom alors qu'Antoine accole l'initiale de son prénom à son patronyme; tous deux sont les seuls à ajouter le nom de l'oncle à la suite. Cette distinction vient renforcer le lien à faire entre le choix d'un tel surnom et les conditions sociales qui leur vaut le logement au Louvre et le privilège accordé pour l'édition, en mémoire de Stella. Comme dans ses gravures, Françoise écrit l'initiale de son prénom en minuscule. Antoinette, comme Claudine au frontispice des Jeux et plaisirs de l'enfance l'année précédente, signe Bouzounet.

- publication du livre Divers ornements d'architecture gravé par Françoise Bouzonnet Stella, dont l'exemplaire de la Bayerisches Bibliothek renferme le portrait gravé par Claudine de leur oncle.
Claudine poursuit la publications de l'œuvre de son oncle avec Divers Ornemens d'architecture dont les planches ont été gravées par sa cadette, Françoise (1638-1691). Moins célèbre que son aînée, son métier est pourtant déjà remarquable alors qu'elle n'atteint que ses vingt ans. L'exemplaire de la Bibliothèque de Bavière présente la gravure de Claudine de l'autoportrait de Jacques, dans l'état commenté par Mariette. Celui-ci pensait que Claudine avait instruit ses sœurs alors que la formation de Françoise fut forcément avant tout le fait de l'oncle. Sa signature au bas des gravures est identique à celle qu'elle met au bas du partage des Poussin d'août.

- dans son témoignage en faveur de Jacques Barri de février 1664 (voir ici), Antoine déclare alors qu'il avait quitté Paris pour Rome environ six ans plus tôt; ce qui doit valoir pour l'année, et au cours de son dernier trimestre, après avoir signé l'acte de partage des Poussin.

- Les Noces de Cana (Ensba) et L'entrée du Christ à Jérusalem (Louvre), dessins de Claudine Bouzonnet Stella, le premier signé et daté de 1658.
Ils pourraient avoir convaincu Voisin de sa capacité à illustrer le Missel en français de Voisin.

Signatures des Bouzonnet, 23 août 1658, au bas de l'acte de donation de cinq tableaux de Poussin
(Arch. Nat., M.C., XLV, 204)

Claudine et Françoise B. Stella d'après Jacques,
frontispice et planche 17 des Divers ornements, 1658.

Claudine Bouzonnet Stella, L'entrée du Christ à Jérusalem, Louvre.

Claudine Bouzonnet Stella, Les noces de Cana, 1658, Ensba.
L'héritage d'oncle Jacques (1659-1664)
Claudine Antoine Françoise Antoinette, Sébastien
1659 - à Pâques, Antonio Stella est recensé à Rome, dans la maison voisine de celle de Nicolas Poussin (Jacques Bousquet, « Chronologie du séjour romain de Poussin et de sa famille », Actes du colloque Nicolas Poussin de 1958, Paris, 1960, t. II, p. 9)
Guillet (d'après Claudine) confirme et écrit : « D'abord il eut l'avantage à Rome d'y être reçu favorablement de M. Poussin, qui ayant toujours eu beaucoup d'amitié pour l'oncle, combla de bons offices le neveu, lui donnant à tout heure une libre entrée chez lui, (faveur qu'il communiquoit rarement, selon Claudine) ce qui était une grâle bien singulière, et même l'obligeant à loger auprès de sa maison, pour y venir chercher plus facilement les préceptes dont il avoit besoin» (Mémoires inédits, Paris, 1854, I, p. 423).

Nicolas Poussin, Autoportrait, 1650, Louvre
1660 - à Pâques, Antonio Stella est recensé à Rome, dans la maison voisine de celle de Nicolas Poussin, avec Francesco Chiesnel, François Quesnel (Jacques Bousquet, « Chronologie du séjour romain » Actes du colloque Nicolas Poussin, 1958, Paris, 1960, t. 2, p. 9.)
François Quesnel (1637-apr. 1718?) est le fils de Jacques, libraire, petit-fils du peintre François Quesnel (1543-1619) et frère de Pasquier Quesnel (1634-1719), oratorien théologien influencé par le Jansénisme. Selon Jal (1873, p. 1026), il abandonna les pinceaux pour se faire oratorien comme son frère, en 1670. Il est tout de même connu pour avoir peint l'effigie posthume de Blaise Pascal apparemment à l'origine de tous les portraits du philosophe qui suivirent (ci-contre). Les liens avec les Stella ne se seront pas distendus puisqu'il témoignera à l'inhumation de Françoise Bouzonnet Stella en 1692, en tant qu'ami de la défunte (Herluison 1873, p. 417). En 1697, un inventaire des tableaux de sa collection pour assurer une dette à l'Oratoire de 1800 livres est déposé devant notaire. S'il faut être réservé sur les attributions données, qui semblent généreuses, il se peut tout de même que certains Poussin, comme La reine de Zénobie laissé inachevé, ait été acquis lors de son séjour romain. J'ignore la raison de la date de 1699 donnée régulièrement pour sa mort, alors qu'il joue encore le rôle de procurateur pour son frère Pasquier en novembre 1718.

- le mercredi 1er septembre est inhumée Claudine de Masso, « veuve de feu François Stella et mère de feu Mr Stella, peintre ordinaire du Roy » (Herluison 1873, p. 416)

- le vendredi 3 septembre achevé d'imprimer du Messel romain par Joseph Voisin (1610? - 1685), orné de vignettes inventées et gravées par Claudine, qui signe Claudia B. Stella in. sculp. (mention en fin d'exemplaire du t. 5 de la B.M. de Lyon).
Joseph Voisin a recherché nombre d'approbations dans toute la France, depuis le 7 décembre 1657 et jusqu'au-delà, par exemple du 5 septembre 1660. Pourtant, l'Assemblée du clergé le condamne dès le 7 décembre, un bref du pape du 12 janvier 1661 et un arrêt du Conseil d'État du 16 janvier 1661, coupable d'offrir au tout venant une traduction française le Missel romain. Il semble que Mazarin ait joué un rôle dans cette affaire, agitant le spectre d'offices faits non plus en latin mais en français, retournant l'Assemblée du clergé (Henri Brémond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, Paris, t. IX, 1932, p. 177-185). Il faut noter que Mazarin mort, une réédition pût paraître en 1667-1668.
Le privilège du roi date du 12 mai 1658. On peut croire que Claudine ait travaillé aux dessins, jadis à la Bibliothèque de Metz avec nombre des dessins de l'oncle pour Les jeux et plaisirs de l'enfance, puis aux estampes à l'eau forte, en 22 vignettes, en 1659-1660. Comment en est-on venu à solliciter une jeune artiste encore mineure, autant pour leur invention que pour leur traduction en image pour l'impression? Voisin souhaitait-il initialement s'adresser à l'oncle? Il se peut que les deux dessins du Louvre et de l'Ensba, ce dernier daté de 1658 (voir à cette année), aient servi de preuves de son talent en la matière, lui permettant d'emporter la commande.


- le 2 novembre, enregistrement de « l'original d'un inventaire et partage fait entre Estienne Bouzonnet et Françoise Stella des biens de deffuncte damoiselle Claudine de Massau le pénultième d'octobre XVIc-soixante (...) par devant Augier et Pin notaires audit Châtelet » (papiers du testament et inventaire de Claudine et son inventaire après décès; Arch. Nat., M.C., LXXXVIII, 317, 19 octobre 1697)

- le mardi 23 novembre est inhumée « honeste fille Françoise Stella »; (Herluison 1873, p. 416)

- le samedi 18 décembre est inhumé Étienne Bouzonnet (Herluison 1873, p. 416)

- le 24 décembre, acte de tutelle pour les enfants Bouzonnet, tous mineurs, en la prévôté de Paris (papiers de l'inventaire après décès; Arch. Nat., M.C., LXXXVIII, 317, 19 octobre 1697)
L'automne décime la famille Stella, et Madeleine Bouzonnet, née Stella, reste seule adulte au logement du Louvre. La mort de Claudine de Masso nécessita un inventaire et partage devant notaire entre Étienne Bouzonnet et Françoise Stella qui n'eut de valeur que durant trois semaines, cette dernière disparaissant rapidement.

Attribué à François Quesnel (1637-apr. 1718), Portrait posthume de Blaise Pascal. Coll. part.

Jacques Stella, Portrait de Claudine de Masso à 80 ans, 1654. Dessin. Ashmolean Museum.

Claudine B. Stella,
La rencontre d'Anne et Joachim et La Visitation.
Dessins. Jadis Metz, Bibliothèque Municipale.
**
Claudine B. Stella,
La rencontre d'Anne et Joachim et frontispice daté de 1660.
Gravures du Missel Voisin, 1660.
1661 - 7 janvier, inventaire fait après le décès d'Estienne Bouzonnet à la requête de ladite Magdeleine Stella alors sa veuve, tant en son nom que comme son héritière universelle par son testament que comme tutrice de Claudine, Antoine, Françoise, Antoinette et Sébastien Bouzonnet, leurs enfants mineurs, par Philippes Perseval, conseiller du Roy lieutenant général civil et criminel en la prévosté et hostel du Roy (papiers de l'inventaire après décès; Arch. Nat., M.C., LXXXVIII, 317, 19 octobre 1697)

- à Pâques, Antonio Stella est recensé à Rome, dans la maison voisine de celle de Nicolas Poussin, avec Francesco Quesnel (Jacques Bousquet, « Chronologie du séjour romain » Actes du colloque Nicolas Poussin, 1958, Paris, 1960, t. 2, p. 9.)

- le 6 novembre, à Fontainebleau, a lieu la cérémonie d'admission du Dauphin Louis, né le 1er, dans la Confrérie du Rosaire, à laquelle appartient Claudine; elle en donne le dessin à graver à Pierre Landry, estampe datable de 1662 (-1665).
L'ex-voto de 1653 (voir à cette année) témoigne d'une piété, voire d'une religiosité qui saisit Claudine dès son plus jeune âge. Elle sut conquérir la faveur de Joseph Voisin et entra donc tôt dans la Confrérie du Rosaire de l'ordre de Saint-Dominique établie au couvent de l'Annonciation de la rue Saint-Honoré. C'est peut-être ce qui lui valut de réaliser cette représentation, sans en faire la traduction.

Claudine B. Stella, Cérémonie d'admission du Dauphin Louis dans la Confrérie du Rosaire.
Dessin, 1661? Louvre.
1662 - 4 février, Madeleine Stella met Sébastien en apprentissage d'orfèvre auprès de Thomas Merlin, orfèvre ordinaire du roi, autre artiste logé aux Galeries du Louvre, pour 5 ans et 250 livres (Arch. Nat., MC/ET/XCVI/797).
On avait affecté Thomas Merlin d'abord, en 1647, au 21e logement et il fut transféré en 1660 au 5e. Sébastien n'avait guère à sortir pour apprendre le métier de son père, qui n'est pas très éloigné, soit dit en passant, de l'art de la gravure. Le jeune homme, qui prendra ses 18 ans en avril, signe au bas de l'acte, mais pas sa mère, « à cause de la grande débilité de sa vue ».

- à Pâques (30 mars), Jacques Bousquet ne semble pas avoir trouvé Antoine Stella à Rome mais il n'y a pas de raison qu'il s'en soit absenté (Jacques Bousquet, « Chronologie du séjour romain » Actes du colloque Nicolas Poussin, 1958, Paris, 1960, t. 2, p. 10.) à moins qu'il ne se soit rendu à Turin, par exemple, pour réaliser les dessins d'après Pirro Ligorio pour Antonio Barberini, payé en mai 1663 (Ginette Vagenheim, « Pirro Ligorio (1512-1583) et les véhicules antiques », Anabases, 17, 2013, 85-103.)

- Ange Sanvitiani/Angelo Sanvitani date du jeudi 13 avril de cette année à Paris la dédicace de la vue d'Orvieto assortie du portrait du cardinal Carlo Gualtieri (1614-1673) porté par des anges, gravé pour le paysage par N. Cochin et par Claudine Stella, au burin, pour les figures (Mariette éd. 1857-1858, p. 269, avec erreur sur l'année de la dédicace; Tommaso Piccolomini Adami, Guida storico-artistica della città di Orvieto e suoi contorni, Siena, 1883 p. 42);
Angelo Sanvitani (dit Lange, 1622-apr.1676?), auteur de la dédicace au Cardinal, fut notaire à Orvieto puis voyagea en Europe au service du roi de France, et comme valet de chambre de Mazarin. Il s'est marié à Paris en 1657 (Vicomte de Grouchy et comte de Marsy, « Un administrateur au temps de Louis XIV », Messager des sciences historiques, ou, Archives des arts et de la bibliographie de Belgique. Année 1885, Gand, 1885, 64-65). C'est dans ce contexte qu'il rencontra Cochin et Claudine. Pour leur part, ces derniers pouvaient déjà se connaître : celui-ci avait travaillé à la réédition de l'ouvrage de Saint-Pérès sur Notre-Dame de Liesse, en 1657, avec gravures sur bois dont certaines reprennent les images de Stella gravées sur cuivre par Couvay et Poilly pour l'édition de 1647. La date du 13 avril 1662 marque le terme de l'entreprise commencée avec l'accesion du prélat à la dignité du cardinal; il semble qu'à la fin de 1659 ne manquent plus que certaines inscriptions, et il faut remarquer que le texte derrière le portrait et les angelots épouse soigneusement leurs contours pour la continuité du texte. Sur cette gravure (et les deux qui la complétent sans intervention de Claudine), voire la mise au point d'Alberto Satolli, « Otto rami per Orvieto », Lettera Orvietana, 21-22, aprile 2008, p. 11-14. Un exemplaire, inconnu de Weigert, apparemment, existe à la BnF.

- le jeudi 17 août est inhumée Sébastien, pris aux galeries du Louvre, chez Mr Stella; (Herluison 1873, p. 416)

- le samedi 21 octobre est inhumée Madeleine Stella (Herluison 1873, p. 416)
Sébastien n'aura guère eut le temps d'approfondir sa formation, puisqu'il meurt un peu plus de 7 mois après le début de son apprentissage. Sa mère le suit deux mois plus tard, laissant au logement du Louvre Claudine, désormais majeure, Françoise, 24 ans, et Antoinette, 21 ans.

Signature de Sébastien Bouzonnet en 1662
à son contrat d'apprentissage d'orfèvre.
Arch. Nat, M.C.


N. (Nicolas? Noël?) Cochin et
Claudine Bouzonnet Stella,
Vue d'Orvieto sous le portrait du cardinal Gualtieri, 1654-1662.
Gravure, ensemble du deuxième volet et
détail avec le portrait porté par les anges de Claudine
(en 1659?)
1663 - à Pâques, Antoine Stella n'est plus au voisinage directe de Poussin, mais une maison plus loin; Jacques Bousquet lui donnait pour compagnon le peintre Giovanni Peri, qui pourrait bien être Jean Porrée (Jacques Bousquet, « Chronologie du séjour romain » Actes du colloque Nicolas Poussin, 1958, Paris, 1960, t. 2, p. 10.)

- 19 mai, paiement Barberini à Antoine pour copies dessinées de médailles d'après Pirro Ligorio; « a Monsù Boussonnet Stella pittore scudi ventitre B 60 m.ta che gli facciamo pagare aver disegnato n.o. duegento ottantadue medaglie de ogni banda di città greche, cavate da un libro di Pietro Ligorrio, p. n.ro servitio » (Marilyn Aronberg Lavin, Seventeenth-century Barberini Documents and Inventories of Art, New York, 1975, 41, document 327).
Antoine doit avoir été mandaté pour copier quelque recueil de dessins de Pirro Ligorio qu'Antonio Barberini souhaitait avoir dans sa bibliothèque, par exemple celui de Turin (voir en 1662). Selon la déclaration faite à Venise au bénéfice de Jacques Barri, déjà évoquée (voir en 1664), il quitte Rome peu après, en compagnie de Jacques Porrée.

Pirro Ligorio (1512-1583), dessin de médaille. Torino, archivio di stato, Ja.II.8, f. 127r.
1664 * 18 février, Antoine témoigne à Venise de la bonne connaissance de Jacques Barri, de sa longue amitié envers lui et du fait qu'il soit libre de toute attache matrimoniale (Angelo Maria Monaco, Giacomo Barri « francese » e il suo Viaggio pittoresco d'Italia. Gli anni a Venezia di un peintre-graveur scrittore d'arte nel Seicento, Firenze, 2014, p. 307-308).
« Conosco q[uest]o Giac[om]o da 14 anni in c[irc]a con occ[asi]one che in Pariggi, ove andai da pretto per imparar l'arte del dipingere, praticando con altri Pariggi, feci amicizia seco che stava col suo maestro Ferdinando. D'età poi d'anni c[irc]a 16, partì da Parigi per Roma come lui disse, ove lo ritrovai già c[irc]a 6 anni e stava col Sr. Cardinal Barberino e continuassimo la n[ost]ra amicitia, sino che lui già c[irc]a due anni partì per Ven[eti]a e trattenendomi io ancora a Roma sino già 8 mesi, che venuto in q[ue]sta città lo ritrovvai e prattichiamo insieme. Int[errogatus] [...] conosco esso Giac[om]o attesto il stato libero di d[et]to Giac[om]o et se fosse altr[imen]ti lo saprei stante il detto di s[opr]a, e prattica familiare tra noi passata. [...] AB. Stella »
Traduction de la citation d'Antoine : « Je connais ce Giacomo depuis 14 ans environ à l'occasion à, Paris où, j'étais allé pour apprendre l'art de peindre, pratiquant [pratica peut vouloir dire apprentissage] avec d'autres Paris[iens?], j'ai aussitôt lié amitié alors qu'il était avec son maître Ferdinand(o). Ensuite âgé d'environ 16 ans, il est parti de Paris pour Rome comme il le dit où je l'ai retrouvé il y a 6 ans et il était avec le Sr. Cardinal Barberino et nous avons continué notre amitié, jusqu'à ce qu'il y a y environ deux ans, il parte pour Venise en me laissant à Rome pendant 8 mois jusqu'à ce que vienne dans cette ville et le retrouve, et que nous pratiquions ensemble.
Je connais ce Giacomo, j'atteste le statut libre dudit Giacomo et s'il en était autrement, je le saurais étant donnés les dires de dessus, et la pratique familière passée entre nous.

Ce document, riche d'informations que sa publication n'a pas complètement ni toujours correctement exploitées, est étudié sur une autre page du site; voir aussi aux années 1650, 1658 et 1663. Antoine ne doit pas assister au mariage qui a lieu en avril, déjà parti pour Mantoue.

* Entre mars et juin, Antoine séjourne trois mois à Mantoue, copiant notamment des décors de Giulio Romano au Palazzo del Té, dans l'intention de les faire graver par ses sœurs, indication donnée par le manuscrit utilisé par Guillet, qui ne la reprend pas.

* En juillet, Antoine, après avoir visiter d'autres villes d'Italie (Parme? Milan? Turin?...), est de retour à Paris, selon Claudine reprise par Guillet.
Le voyage de Venise à Paris prend place entre le 18 février et juillet, soit environ 5 mois; le séjour à Mantoue durant 3 mois, il ne reste que deux mois, en sorte que les visites dans d'autres villes italiennes furent sans doute brèves. Il semble bien ne pas être passé par une cité qui fut capitale pour l'oncle, Florence.

Giacomo Barri d'après Véronèse,
L'adoration des bergers, gravure, 1666. British Museum


Antoinette d'après Antoine B. Stella
d'après Giulio Romano,
dédicace et deux premières planches d'une frise en stuc du Palazzo del Té, 1664-1675.
L'atelier de Claudine et Antoine (1665-1682)
Claudine Antoine Françoise Antoinette, Sébastien
1665
-
1666
* Le 27 mars 1666, Antoine présente son morceau de réception à l'Académie royale de peinture et de sculpture, Les Jeux Pythiens (tableau à l'Ensba; deux dessins préparatoires au Louvre et au musée Bonnat-Helleu de Bayonne), qui le reçoit dans son assemblée (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 1er (1648-1672), Paris, 1875, p. 302).
« Quelque temps après [son retour à Paris] s'étant présenté à l'Académie royale de peinture et de sculpture, il y fut reçu le 27 mars 1666. Il donna pour sa réception un tableau représentant les jeux Pythiens, pour faire également allusion aux exercices des gens de lettres à l'égard des sciences, et aux exercices du corps à l'égard de l'art militaire et des fêtes magnifiques; ce qui donnoit une idée de l'état florissant de la France, sous le règne de Louis le Grand.» (Guillet, éd. 1854, p. 424-425.)
Il se passe environ dix-huit mois entre le retour à Paris et sa réception à l'Académie mais sa candidature initiale ne se retrouve pas dans les procès-verbaux de l'institution. Deux dessins aux ambitions manifestement différentes, l'un pour ce qui peut être l'ordonnance ou disposition du sujet (Bayonne), l'autre pour la perspective (Louvre), selon les critères énoncés pour juger des aspirants à l'Académie de France à Rome, nouvellement créée, témoignent du soin démonstratif pour satisfaire aux demandes de l'institution.

Pendant plusieurs années, il n'en suivit pas les séances, en sorte qu'il s'agissait sans doute pour lui d'une simple formalité pour bénéficier des privilèges de l'institution, notamment le titre de peinture du roi.


* Claudine date de 1666 Le songe de saint Martin (Ermitage).
Le tableau figurant encore dans l'appartement du Louvre de Claudine à sa mort, aux mêmes dimensions, correspond sans doute à celui de l'Ermitage. (Guiffrey 1877, p. 34.)

Antoine Stella,
Les jeux Pythiens.
Vers 1664-1666. Dessin. Bayonne, Musée Bonnat-Helleu.
Antoine Stella,
Les jeux Pythiens
Vers 1664-1666.
Dessin.
Louvre
Antoine Stella,
Les jeux Pythiens, 1666. Huile sur toile. Paris, Ensba.

Claudine, Le songe de saint Martin1666.
Huile sur toile. 84 x 62 cm. Ermitage.
1667 * Claudine publie un double Livre des Vases dont les gravures sont de Françoise, d'après l'oncle Jacques.

* Claudine publie les Pastorales gravées par elle-même d'après l'oncle Jacques.
Ces deux nouveaux ouvrages marquent la reprise de l'activité de publication de Claudine, sans doute occupée dans l'intervalle à commencer la formation de sa cadette Claudine. Le retour d'Antoine peut l'avoir à la fois soulagée et stimulée en ce sens.

* La morale du sage, ouvrage paraphrasant les livres de Salomon traduits par Marie-Éléonore de Rohan, publié cette année à Paris par Claude Barbin, est orné d'un frontispice gravé par Guillaume Vallet d'après Antoine.
Guillaume Vallet (1632-1704) a séjourné à Rome de 1653 à 1661, apparemment, en compagnie de son ami Étienne Picart, un interlocuteur du cardinal Gualtieri pour la publication des Synodes de l'évêché de Fermo. Il aura sans doute eu l'occasion alors de rencontrer, déjà, Antoine. Celui-ci put le retrouver parmi les artistes de l'Académie royale de peinture et de sculpture à laquelle Guillaume s'était présenté quelques mois avant lui. Quoiqu'il en soit, avant Claudine et Antoinette, le graveur et éditeur publia volontiers à Paris les inventions d'Antoine. Le frontispice de 1667 ancre cette fructueuse collaboration au tout début de son retour en France.

Claudine d'après Jacques Stella, frontispice des Pastorales. Gravure, 1667.

Françoise
d'après Jacques Stella,
frontispice du
Livre des Vases. Gravure, 1667.

Guillaume Vallet d'après Antoine, frontispice pour La morale du sage, 1667. Gravure. Munich, Bayerisches Bibliothek
1668 * 30 juillet, Antoine est témoins au mariage du peintre Antoine Paillet avec Marie Durand, avec le graveur Guillaume Vallet (Jal 1867, p. 932).
* Claudine publie une première gravure d'après Nicolas Poussin, la Sainte famille à dix figures, la datant dans sa lettre de cette année.
Poussin a peint son tableau en 1649 pour son ami Jean Pointel (v. 1585-1660), banquier lyonnais et marchand de soie. Il passe ensuite dans les mains d'un autre Lyonnais, Jacques Serisier, également négociant dans la soie, chez qui le cavalier Bernin, en compagnie de Chantelou, le voit le 10 août 1665, deux ans avant que Claudine n'en publie sa traduction. Il disparaît ensuite pour ne réapparaître, semble-t-il, qu'au début du XIXè siècle à Dublin (Pierre Rosenberg, cat. expo. Nicolas Poussin, Paris, 1994, p. 414). Contrairement à ce qu'elle fera pour d'autres Poussin, elle ne précise pas son emplacement dans la collection Stella. On peut croire que les deux amateurs originaires de la même ville que Jacques Stella aient tissé (évidemment!) des liens avec lui de telle sorte que sa nièce aura eu l'opportunité de graver ce tableau sans qu'il en fasse partie.

Claudine d'après Nicolas Poussin,
Sainte famille dix figures.
Gravure, 1668. Albertina
1669 * La troisième édition de Clypeus theologiæ thomisticæ du père Gonet bénéficie de quatre gravures (dont trois dans le premier tome) de Claudine, dont le frontispice daté de cette année.
L'une des illustrations montre l'auteur offrant son ouvrage à sainte Thérèse. Son profil a été préparé par un dessin conservé au Louvre. La graveuse signe Claudia Stella, délaissant même l'initiale du nom de son père, ce qu'Antoine ne fit pas.

* Antoine donne le dessin du frontispice de l'Histoire de la conqueste de la Chine par les Tartares que grave Claudine.
Si la page-titre date l'ouvrage de 1670, l'achevé d'imprimer donne le 20 novembre 1669. J'ai identifié un dessin préparatoire au British Museum.

Claudine,
frontispice de Clypeus theologiæ thomisticæ.
Gravure, 1669. Lyon, B.M.

Claudine,
Le père Gonet offrant son ouvrage à ste Thérèse.
Gravure, 1669 (t. 1). Lyon, B.M.

Claudine,
Le Père Gonet, 1669.
Trois crayons. 19,4 x 15 cm.
Louvre, Inv. 25035.

Claudine,
Quatre docteurs dominicains puisant aux quatre fleuves.
Gravure, 1669 (t. 1). Lyon, B.M.

Claudine,
Saint Thomas d'Aquin défendant l'entrée du Paradis.
Gravure, 1669 (t. 5). Lyon, B.M.

Claudine d'après Antoine
frontispice pour
l'Histoire de la conqueste de la Chine par les Tartares, 1669 (selon l'achevé d'imprimé)
1670 * Claudine fournit deux bandeaux, deux lettres initiales et un cul-de-lampe à l'ouvrage de Robert Arnaud d'Andilly, Oeuvres de sainte Thérèse publié chez Pierre Le Petit cette année-là (cf. exemplaire de la Bibliothèque Municipale de Lyon).
Mariette signale ces eaux-fortes de l'invention de Claudine et précise certaines iconographies. Le bandeau avec la couronne d'épines propose deux anges qui remplissent un cœur du feu de l'amour divin (Marie-Thérèse Mandroux-França et Maxime Préaud, Catalogues de la collection d'estampes de Jean V, roi du Portugal par Pierre-Jean-Mariette, Lisbonne-Paris, 1996, t. II, p. 233). Le bandeau avec Thérèse l'installe au milieu deux anges qui foudroient l'Esprit d'orgueil et d'impureté (p. 234). Le cul-de-lampe offre un entrelacs de roses et d'épines et de fruits, symboles de la prière, de l'aumône et du jeûne (p. 236).
En se fiant à l'exemplaire de la Bibliothèque Municipale de Lyon, on peut noter que l'ouvrage s'ouvre sur une gravure de Nicolas Pitau d'après Pierre Mignard. Le premier bandeau et la lettre L de l'Avertissement sont l'un de Jean Le Pautre, l'autre de Mellan, pour l'Imprimerie Royale. D'autre part, aux antipodes de la mauvaise réputation qu'a pu avoir l'oncle (« peintre des Jésuites »), qui ne vaut pas la peine d'être contestée puisque le reproche n'est pas fait à l'ami Poussin, tout aussi client de ce courant religieux à Rome comme à Paris, Claudine travaille manifestement pour une sensibilité plus rigoriste et, en l'occurrence, pour un auteur et un éditeur que l'on peut qualifier de jansénistes. Dans son cas, différents témoignages (l'ex-voto de 1653, son appartenance à la confrérie du Rosaire ou encore l'initiative de faire faire à son frère Antoine une peinture gracieusement pour Notre-Dame de Fourvière en 1681, par exemple) attestent d'une piété confinant à la religiosité.


Claudine,
bandeau au cœur, Oeuvres de sainte Thérèse d'Arnauld d'Andilly, 1670. Gravure. Lyon, B.M.

Claudine,
bandeau avec sainte Thérèse, Oeuvres de sainte Thérèse d'Arnauld d'Andilly, 1670. Gravure. Lyon, B.M.

Claudine,
cul-de-lampe de roses, épines et fruits pour Oeuvres de sainte Thérèse d'Arnauld d'Andilly, 1670.
Gravure. Lyon, B.M.

Claudine,
initiales I et L, Oeuvres de ste Thérèse..., 1670. Gravure. Lyon, B.M.
1671 * Le 28 mars, des lettres patentes viennent confirmer les privilèges des artistes, artisans et autres personnes de mérites logés au Louvre, parmi lesquels figurent Antoine Stelat avec notamment Charles Errard, Jean Nocret, François Girardon, Claude Mellan, Thomas Merlin ou Theophraste Renaudot (Jules Guiffrey, « Déclaration de Louis XIV confirmant les privilèges des artistes logés au Louvre », Nouvelles archives de l'art français, 1873, p. 40).
Que Claudine ne soit pas mentionnée doit tenir au fait de désigner une personne par logement, sauf en cas de partage du lieu par des personnes de familles différentes, et à la primauté accordée au genre masculin, alors qu'elle est l'aînée des (Bouzonnet-)Stella.

* en août, Sébastien de Gerus soutient une thèse de Philosophie auprès des Jésuites de Toulouse en se servant, dans la partie haute de son affiche, d'une gravure éditée par Guillaume Vallet « rue St Jacques devant la rue du Platre à l'image St louis A Paris » d'après Antoine Stella (Michel Chomarat, « Antoine plutôt qu'Antoinette », gryphe, n°15, décembre 2006, p. 25-29)
L'adresse utilisée par Vallet est celle héritée de son beau-père Jean Ganière, mort en 1666 (Marianne Grivel, Le commerce de l'estampe à Paris au XVIIè siècle, Paris, 1986, p. 303, 381). Cette thèse, et le Mémoire inédit de Guillet (éd. 1854, p. 425-426), place Antoine dans la lignée de l'oncle parmi les artistes que les Jésuites ont volontiers fait travailler.

* le 29 août et jours suivants, les Jacobins réformés de la rue Saint-Honoré célèbrent la canonisation de saint Rose de Lima et saint Louis Bertrand; Antoine Stella travaille à l'appareil décoratif et autres embellissements, ainsi qu'à une grande illumination; il fait le tableau concernant saint Louis Bertrand, Claudine, celui de sainte Rose. (Guillet, éd. 1854, p. 427-428, 430-434)
Claudine reprend certaines informations dans une seconde lettre à Guillet, disant, en 1691, que le tableau d'Antoine est dans le couvent des Jacobins, le sien étant dans la sacristie. Il faut noter qu'Antoine s'était prêté à un faste que l'on qualifierait volontiers de baroque aux antipodes d'un Poussin et qu'un mandement de l'archevêque de Paris interdit peu après, « comme tenant trop de la scène ». Le couvent, comme les saints honorés, relèvent de l'ordre des Dominicains, pour les publications duquel Claudine avait travaillé (voir 1669).

Guillaume Vallet d'après Antoine,
Saint Augustin écrivant.
Gravure imprimée sur soie, 1671.
44,5 x 39 cm. Lyon, B.M.
1672 * Claudine date de cette année la gravure du tableau de Nicolas Poussin Moïse exposé sur les eaux.
Il s'agit de la peinture choisie par Françoise en 1658. Claudine précise pourtant qu'il figure dans la collection d'Antoine à Paris. D'une certaine façon, elle entérine le fait que son frère soit le chef d'atelier, en conformité avec le document officiel que constituent les lettres patentes de 1671. Voir aussi Weigert, qui mentionne un possible dessin de Claudine préparant la gravure (1951, p. 79).


Claudine d'après Nicolas Poussin,
Moïse exposé sur les eaux.
Gravure, 1672. 55 x 75 cm. Rijksmuseum.
1673 * Antoine signe et date de cette année La mise au tombeau peinte d'Angers.
Le tableau est mentionné par Claudine/Guillet (Guillet 1854, I, p. 426).

* Antoine signe et date de cette année le dessin du Portrait allégorique de Mgr de Harlay (localisation actuelle inconnue).
La composition, dont j'ai pointé une référence à un dessin de Jacques Stella pour les dispositions, propose un procédé qu'Antoine reproduira en montrant à travers deux ouvertures latérales et symétriques deux éléments significatifs, ici révélateur du siège épiscopal du personnage portraituré sur le bouclier, à savoir la Sorbonne et Notre-Dame (Kerspern 1989, p. 38).

* Antoine participe au Salon de cette année, en août, au Palais-Royal, avec un Baptême du Christ (Liste des tableaux et pièces de sculpture... 1673, p. 3).
Sans participer aux séances, Stella doit garder des liens avec l'institution dans laquelle il est entrée en 1666, via les amitiés qu'il a pu lier avec Antoine Paillet ou le graveur Guillaume Vallet puisqu'il participe à cette manifestation. Les rares exemplaires permettent tout de même de noter que le tableau de Stella n'était pas mentionné dans un premier tirage (J.J. Guiffrey, Collection des livrets des anciennes expositions depuis 1673 jusqu'en 1800, Paris, 1869, p. 26). L'absence de livret ne permet pas de savoir s'il participa également aux précédents de 1667, 1669 et 1671.

* Pour la page-titre de l'édition de cette année de l'Office de Jésus destiné à l'Oratoire et conçu par Pierre de Bérulle par André Pralard, libraire parisien, Claudine grave la vignette d'un profil en médaillon du Christ, encerclée d'une couronne d'épines.
Dans son testament et inventaire de 1693, Claudine désigne André Pralard, marchand libraire rue St Jacques, originaire de Savigny près Lyon, comme son petit cousin (Guiffrey 1877, p. 13.). A l'instar de Pierre le Petit, il est réputé proche des Jansénistes qu'il a volontiers publiés, ce qui lui aura valu d'être embastillé en 1668(Laura Le Gac, Le fonds Taveneaux : la bibliothèque d'un historien spécialiste du jansénisme, Sciences de l'Homme et Société, 2016, p. 36.). Il n'est reçu libraire que l'année suivante.


Antoine,
Portrait allégorique de Mgr de Harlay, archevêque de Paris.
Dessin, 1673. Localisation actuelle inconnue.

Antoine,
La mise au tombeau.
Toile, 1673. Angers, Musée des Beaux-Arts

Claudine,
Profil du Christ,
Office de Jésus de Bérulle.
Gravure, 1673. Chantilly, Bibliothèque.
1674 * Claudine date de cette année sa gravure du tableau de Nicolas Poussin La crucifixion.
Il s'agit de la peinture choisie par Claudine en 1658, que l'on se serait attendu à voir gravée par elle en premier. Elle précise qu'il figure dans la collection d'Antoine à Paris. Weigert se trompe sur la date, qui n'est pas 1672 mais 1674 (Weigert 1951, p. 83).


Claudine d'après Nicolas Poussin,
La crucifixion.
Gravure, 1674. 56 x 79 cm. Herzog Anton Ulrich-Museum, Braunschweig.
1675 * Antoinette, la graveuse, et Claudine, l'éditrice, datent de cette année le livre de la frise de stuc de Giulio Romano au Palazzo del Té.
Antoinette dédie son ouvrage à Colbert de Seignelay. Antoine, qui a exécuté les dessins ainsi traduits, s'efface entièrement derrière ses sœurs, puisqu'elles ne mentionnent pas son intervention, que Claudine signalera dans la notice fournie à Guillet pour sa conférence en 1691 (voir à l'année 1664) (Weigert 1951, p. 78).

* Le 16 novembre, Antoine assiste, pour la première fois depuis sa réception en 1666 apparemment, à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture confirmant le statut de Charles Errard comme Directeur, contesté par Nicolas Loyr en la séance précédente (mais cette fois absent) sur le fait qu'il soit reparti à Rome comme directeur de l'Académe de France. Par ailleurs on accède à une demande pour changer de place certains tableaux exposés dans la salle trop haut et peu visibles; parmi les signataires, Claude (II) Audran (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 60).


Antoinette d'après Antoine B. Stella
d'après Giulio Romano,
dédicace et première planche de la frise en stuc du Palazzo del Té, 1675.
Genève, musée d'art et d'histoire.
1676
-
1677
* Antoinette signe et date « Anthonia B. Stella sculp. 1676 » la gravure d'après une peinture de leur frère Antoine, Rémus et Romulus trouvés par les bergers(Weigert 1951, p. 77).
Le tableau ainsi traduit correspond à une des premières compositions d'Antoine à son retour en France mentionnée par Claudine/Guillet, pour un gentilhomme de Bretagne(Guillet, éd. 1854, p. 425).
L'Albertina conserve un premier état sans nom de peintre et un exemplaire du second, dans lequel il figure sur la pierre entre le Dieu-fleuve et la louve. Les deux sont publiés par Claudine en 1677.


* Antoinette meurt brutalement le mardi 20 octobre 1676; elle est inhumée le jeudi suivant (Herluison 1873, p. 416). Mariette précise que la mort fut provoquée par une chute (Mariette éd. 1857-1858, p. 258).
Tout porte à croire qu'Antoine avait souhaité faire de sa sœur cadette sa traductrice privilégiée employant l'eau-forte. Sa disparition précoce et accidentelle dût contrarier la publicité qu'il souhaitait donner à sa production.

* Selon Claudine, cinq ans après les célébrations pour les canonisations de Louis Bertrand et Rose de Lima (voir 1671), donc cette année-là, les Dominicains du couvent des Jacobins du faubourg Saint-Honoré sollicitent à nouveau Antoine pour la béatification de Pie V, survenue au printemps 1672; il leur fournit un tableau représentant le saint en gloire, avec trois anges dont l'un le couronne de la tiare. (Guillet, éd. 1854, p. 428, 434)
Claudine n'est pas très claire, et semble contredite par Guillet. Dans la lettre publiée à la suite du mémoire et de la description des célébrations de 1671, qui ne concerne que Rose de Lima, elle écrit que cinq ans plus tard, machineries et illuminations étant désormais proscrites, Antoine ne fit que deux tableaux en plus de décors peints dans l'église, honorant Louis Bertrand et Pie V. Or la canonisation du premier eut lieu en même temps que celle de la sainte du Nouveau Monde; c'est sans doute la raison pour laquelle Guillet situe leurs représentations dans le même temps, mais il est difficile de dire si ce fut le cas. De même est-il à ce stade difficile d'expliquer pourquoi, selon l'indication de Claudine, 4 ans se seraient écoulés entre la béatification et la célébration justifiant une nouvelle peinture glorifiant Pie V.

Quoiqu'il en soit, on peut identifier une préparation graphique, autant par l'iconographie, trois anges dont un couronnant d'une tiare, que par le profil aigu très reconnnaissable du principal personnage, avec le dessin à écoinçons signé en haut à gauche
AB Stella, en collection particulière.

Antoinette d'après Antoine B. Stella
Romulus et Remus trouvé par les bergers.
Gravure, 1676. New York Library.

Antoine B. Stella
Apothéose du pape Pie V, 1676?
Dessin. Collection particulière.
1678 * Le 4 janvier, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture; lors de la séance précédente, l'absence d'une année entiè aux assemblées conduirait à la déchéance des privilèges. Antoine, qui n'y était pas venu depuis 1675, ne laissera désormais plus un tel délai entre deux présences. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 124).

* Le 9 février, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture; qui bénéficie de la visite de Colbert. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 127-128).

* Le 25 juin, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, toute administrative, repassant et entériant les résolutions du quartier de l'année. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 134).

* Le 24 septembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, également administrative, pour le troisième quartier. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 138).

* Le 31 décembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, également administrative, pour le quatrième quartier. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 141).
La fréquence des présences aux assemblées laisse croire qu'il souhaite assister aux séances entérinant les décisions prises pour chaque quartier d'années. Cela se vérifie ensuite.

* Claudine signe et date la gravure d'après le dessin de son frère Antoine, Portrait allégorique de Mgr de Harlay, archevêque de Paris(Weigert 1951, p. 85-86).
Le dessin remontait à 1673 (voir cette année). La lettre précise que l'image est offerte - financée - par Jean Dupuis, Parisien. La gravure est louée en septembre par Le Mercure Galant, qui ne dit rien de l'invention d'Antoine.

Claudine d'après Antoine B. Stella
Portrait allégorique de Mgr de Harlay, 1678.
Albertina.
1679 * Le 18 mars, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, qui s'ouvre sur le rituel administratif du premier trimestre; ce jour-là se présente Louis Licherie (1642-1689), immédiatement reçu sur le tableau qu'il présente. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 145-146).

* Le 23 juin, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, avec examen administratif trimestriel. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 149).

* Le 1er juillet, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, peut-être motivée par la vacance de charges suite à la mort de Nicolas Loyr, professeur et recteur. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 150).

* Le 27 août, Antoine est parrain d'Antoine, fils de Jean-Baptiste Porrée; (1636 - 1687) la marraine est l'épouse de Philippe de la Hyre, fils de Laurent, artiste et mathématicien (Fichier Laborde).
Porrée fait partie des amis rencontrés en Italie par Antoine, qui le fit travailler ensuite sur ses dessins pour une maison des champs à Issy (voir ici).

* Le 30 septembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, entérinant les résolutions pour le troisième quartier. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 154).

* Le 31 décembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, également administrative, pour le quatrième quartier; on évoque à nouveau la question de l'assiduité. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 157).
Antoine continue d'assurer la fréquence de ses présences pour préserver ses privilèges d'académicien.

* Claudine signe et date la gravure d'après le tableau de Nicolas Poussin, Saint Pierre et saint Jean à la porte du Temple(Weigert 1951, p. 85).
Le tableau avait été choisi par Sébastien, disparu dès 1662.

Claudine d'après Nicolas Poussin
Saint Pierre et saint Jean à la porte du Temple, 1679.
Gravure. 52 x 68 cm.
Digital Art and Culture Archive Düsseldorf.

Claudine d'après Nicolas Poussin
Saint Pierre et saint Jean à la porte du Temple, 1679.
Planche. Louvre, chalcographie.
1680 * Le 30 mars, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, et au le rituel administratif du premier trimestre. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 163-164).

* Le 2 juillet, Antoine écrit à un révérend père (dominicain?) à propos d'un tableau représentant Le martyre de saint Pierre de Vérone, dominicain, sans doute destiné à un autel dont il est l'affectataire, un Monsieur Chevalie[r?] ayant apparemment servi d'intermédiaire. La lettre figure au dos du dessin en question, conservé au Louvre.
La lettre clairement signée et datée AB [entrelacés] Stella, et qui commente le dessin au dos, ne saurait être attribué à un autre artiste, contrairement à la proposition encore faite en 2012 par Catherine Loisel à Giovanni Angelo Canini. Le professeur Daniel Ternois m'a pointé l'intérêt de cette lettre qui souligne l'importance de l'éclairage devant répercuter celui ambiant. Cette remarque suggère qu'Antoine ne pouvait vérifier par lui-même, ce qui ne me semble pas permettre de penser qu'il ait été fait pour Paris. Le prix modeste, 80 livres, suggère encore qu'il s'agit d'un tableau de faibles dimensions.

* Le 28 septembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, entérinant les résolutions pour le troisième quartier. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 172-173).

* Le 28 décembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, entérinant les résolutions pour le dernier quartier. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 176-177).

Antoine
Le martyre de saint Pierre de Vérone, dominicain, 1680.
Dessin. Louvre.

Idem, lettre au verso. Louvre
1681 * Le 29 mars, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, qui s'ouvre sur le rituel administratif du premier trimestre; ce jour-là se présente Louis Licherie (1642-1689), immédiatement reçu sur le tableau qu'il présente. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 185-186).

* Le 8 juillet, fondation d'une messe basse à Notre-Dame de Fourvière le jour de l'Annonciation en faveur d'Antoine et de ses sœurs. (papiers de l'inventaire de 1697, AN, MC/ET/LXXXVII, 317, 19 octobre, absent du Testament et inventaire de Claudine publié par Guiffrey 1877).
Cette fondation répond à la peinture offerte par Antoine d'une Annonciation pour un autel restauré en 1680 de l'église, signalée par Claudine/ Guillet (Guillet 1854, I, p. 426).

* Le 27 septembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, entérinant les résolutions pour le troisième quartier. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 195-196).

* Le 25 octobre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, entérinant les résolutions pour le troisième quartier. À la demande du sculpteur Desjardins, Professeur, il est désigné à la pluralité des voix Adjoint à professeur, charge à exercer le mois suivant. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 199).
Antoine assistera désormais à toute les séances jusqu'au 4 avril 1682, son absence par la suite devant correspondre à la maladie qui pulmonaire qui finit par l'emporter. Une académie d'homme datée du 26 novembre 1681, conservée à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, vient confirmer sa contribution à l'enseignement académique (Kerspern 1989, p. 53, fig. 25).

* Le 8 novembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 200).

* Le 29 novembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture; lors de cette séance Claude (2)Audran est nommé Professeur, Louis Licherie, Adjoint. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 201).

* Le 6 décembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, également administrative. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 202).

* Le 20 décembre, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 203-205).

* Antoine signe et date une Assomption aujourd'hui dans l'église des Planches-Près-Arbois (Jura)(Sylvie Richard de Vesvrotte, « Un tableau d'Antoine Stella (1637-1682) identifié dans l'église des Planches-Près-Arbois (Jura), Travaux de la Société d'Emulation du Jura. Travaux 2014, 2015, p. 45-52).
Le tableau du Jura vient confirmer la datation tardive avancée en 1989 pour le dessin de Hambourg, préparation incontestable.(Kerspern 1989, p. 40, 53, fig. 24)

Antoine,
Académie d'homme, 1681.
Dessin. Ensba.

Antoine
L'assomption.
Dessin. Hamburg, Kunsthalle.

Antoine
L'assomption, 1681.
Toile. Les Planches-Près-Arbois (Jura), église.
1682 * Le 2 janvier, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. Pierre Giffard, graveur, présente sa candidature via deux ouvrages dont il a fourni les illustrations, Historia Byzantina et De re diplomatica, qui lui permettent d'être reçu. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 212-214).
Le frontispice de De re diplomatica gravé par Giffart désigne Pierre Monier comme inventeur (ci-contre); de même le bandeau de dédicace à Colbert. L'autre ouvrage n'en dit rien mais l'attribution au même inventeur est envisageable. Certains bandeaux et lettre (C) sont des copies en gravure sur bois de vignette de l'Imprimerie Royale... d'après Jacques Stella.

* Le 31 janvier, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, au cours de laquelle Alexandre Ubelesqui est reçu académicien. Georgues Guillet, dit de Saint-Georges est installé comme Historiographe de l'institution (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 214-215).

* Le 7 février, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 216).

* Le 27 février, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 216-217).

* Le 28 février, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, à laquelle se présente le Lyonnais Thomas Blanchet, reçu dès 1679 afin d'établir dans sa ville natale une académie de peinture et de scupture, mais qui n'avait pas encore accompli la démarche à Paris. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 217-218).

* Le 7 mars, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, au cours de laquelle Pierre Monier (1641-1703) fait une conférence sur les contours. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 218).

* Le 21 mars, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 218-219).

* Le 4 avril, Antoine assiste à la séance de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, ouverte sur la suite de la conférence de Monier. C'est la dernière à laquelle il est présent. (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 218-219).

* Antoine meurt d'une infection pulmonaire le 9 mai; il est inhumé le lundi 11 suivant (Herluison 1873, p. 416; Guillet 1854, I, p. 430). L'Académie mentionne le service en sa mémoire au 30 mai (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 221).

* Le 1er août, Claudine obtient décharge, à Paris, d'un dénommé J. Despeche de la restitution des estampes appartenant à son cousin le sieur de la Monce (papiers du testament et inventaire de Claudine, p. 98).
Jal donne sans doute les clés pour l'identité des interlocuteurs de Claudine. Il mentionne un Jean Despeches, peintre du roi qu'il voit se marier à 27 ans le lundi 20 mai 1670 avec Françoise Tranchant, mort et inhumé le 11 août 1672, paroisse Saint-Germain-L'Auxerrois, celle du Louvre, comme peintre ordinaire de la Reine. Il mentionne aussi Hugues, peintre des Gobelins, père en 1675, 1677 et en 1679. Le dernier, prénommé Jean et batpisé le 2 décembre, a pour parrain Jean Delamonce, « peintre de Sa Majesté électorale de Bavière »(Auguste Jal 1872, p. 490). C'est sans doute lors d'un tel séjour parisien que le dessinateur, architecte et graveur Jean Delamonce (1635-1708), né à Paris, attaché à la cour de Savoie, à Chambéry, puis de Bavière, rencontra les Stella; la mort du prince en 1679 l'aura reconduit en France, même s'il est appointé parmi les artistes de la cour de l'Électeur jusqu'en 1684 (Léon Charvet, Biographies d'architectes. Les Delamonce, extrait de la Réunion des sociétés des Beaux-Arts, Paris, 1892, p. 3-7).

* Le 20 août, Claudine obtient d'un dénommé le Vasseur la reconnaissance du fait que son frère Antoine lui a remis entre les mains des dessins de M. Poussin qui appartenait au sieur Joanni Dughet (papiers du testament et inventaire de Claudine, p. 98).
Le document est sans doute consécutif au décès d'Antoine, et pour se prémunir de toute réclamation. Elle implique qu'il ait été en contact avec le beau-frère de Poussin non seulement lors de son séjour à Rome mais aussi après la mort de ce dernier, en France. Il aurait alors eu l'occasion de graver La naissance de Bacchus faite pour (les) Stella en 1657, échue à Antoinette, morte en 1676, plutôt qu'au moment où elle fut peinte. Dughet cherchait à vendre statues, dessins, gravures et autres documents laissées après la mort de son beau-frère en 1678 en direction de la France, que ce soit par un document lui donnant publicité ou par la correspondance de l'abbé Nicaise, quand bien même il écrit sa lettre de Rome (Anatole de Montaiglon, « Dessins, estampes et statues de la succession de Nicolas Poussin (1678)... » Archives de l'art français, t. 8, 1862, p. 241-254; « Correspondance de l'abbé Nicaise... » Archives de l'art français, t.1, 1851, p. 5-11). Je suis tenté de penser qu'ayant des perspectives concrètes, il serait venu à Paris pour rencontrer les personnes intéressées, dont Antoine dans les années 1679-1682. J'ignore ce qui motive les sources à faire mourir Dughet en 1678, 1679, voire en 1676 (Weigert 1954, p. 519-521) mais les documents éliminent par le fait deux des trois années.

* Le 24 novembre, Claudine constitue une rente de deux-cent-cinquante livres au denier vingt moyennant cinq-mil livres de capital (papiers du testament et inventaire de Claudine, p. 98).

Pierre Giffard d'après Pierre Monier
Frontispice de De re diplomatica de Dom Mabillon.
Gravure. 1681.

Pierre Monier,
Antoine et Cléopâtre.
Coll. part.

C.G. von Aming d'après Jean Delamonce,
Henrietta Maria Adelaïde de Savoie.
Gravure, 1675.
British Museum

Jean Dughet (1614-apr. 1679?) d'après Nicolas Poussin,
La naissance de Bacchus.
Gravure.
Les demoiselles Stella (1683-1692)
Claudine Françoise
1683
-
1686
* Le 13 mai 1683, Claudine constitue une rente de trois-cents livres au denier vingt moyennant six-mil livres de capital (papiers du testament et inventaire de Claudine, p. 98).
En quelques mois, Claudine, sans doute héritière universelle de son frère, aura placé la somme considérable de 11000 livres en rentes.

* Le 8 janvier 1684, l'Académie, après un service à la mémoire de Claude Audran mort le 5, procède à son remplacement comme professeur et à celui d'Antoine, adjoint; à ce dernier est nommé Bon Boullogne (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 276).

* La première édition de la Description de Paris de Germain Brice publiée en 1684 évoque le logement au Louvre de mademoiselle Stella, et ses tableaux du Poussin (Germain Brice, Description de Paris, Paris, 1684, p. 34-35).

* Le 3 août 1686, Guillet de Saint-Georges lit son discours allégorique sur le tableau de réception d'Antoine (Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878, p. 333).

* « Le 25 novembre 1686, fut baptisée Claude, née du mariage de Christophe Charmetton, me sculpteur... La marraine : delleClaude Stella, fille de Etienne Bougeonnet, maître orfèvre de la ville de Lyon. St-André des Arts, n°12 » (fichier Laborde).
Christophe (avant 1649-1708) est le frère de Georges qui fut le seul élève connu de Jacques Stella en dehors des Bouzonnet, et sans doute avant eux. Le lien entre les deux familles se perpétuera jusqu'à la mort de Claudine, qui fit de Christophe son exécuteur testamentaire; lui et sa fille, filleule de mademoiselle Stella, reçurent alors un legs (papiers du testament et inventaire de Claudine, p. 13, 20-21).
1687
-
1691
* Claudine date de 1687 sa gravure du tableau de Nicolas Poussin Le frappement du rocher.
Il s'agit de la peinture choisie par Antoine en 1658. Cela doit justifier qu'elle précise qu'il figure dans la collection d'Antoine à Paris, alors qu'il est mort depuis cinq ans. Claudine se sera ainsi attaché à graver les cinq tableaux choisis par les Bouzonnet en 1658. Dans la mesure où ils représentaient des legs susceptibles d'apporter des ressources financières, son intention était sans doute de leur donner la publicité nécessaire pour les vendre (Weigert 1951, p. 83).

* Deux actes des 5 avril et 10 août 1690 mettent en présence Claudine et Simon La Sire, agissant pour ses enfants mineurs, Simon, 24 ans, et Madeleine, 21 ans, pour lesquels elle apporte un cautionnement. Elle signe Claudine Stella (Arch. Nat., MC/ET/XVII/420, 5 avril 1690; papiers du testament et inventaire de Claudine, p. 98-99).
Simon La Sire le père est bûcheron près de Vernon. Il est logé par Claudine lorsqu'il passe ses actes parisiens. Le testament et inventaire de Claudine révèle que Madeleine était sa servante, bénéficiant de legs (papiers du testament et inventaire de Claudine, p. 11-12).

* Claudine fournit un mémoire de la vie et des ouvrages de son frère Antoine à Guillet de Saint-Georges pour la conférence qu'il doit donner au sein de l'Académie en son honneur, et qu'il prononce le samedi 1er décembre 1691(Guillet 1854, I, p. 422).
L'écriture, identifiable avec celle du testament olographe de 1693, comme certains détails du texte désignent sans aucun doute Claudine plutôt que Françoise pour sœur rédactrice du mémoire fourni.

Claudine d'après Nicolas Poussin,
Le frappement du rocher.
Gravure, 1687. 52,5 x 77,9 cm. BnF.

Claudine d'après Nicolas Poussin,
Le frappement du rocher.
Planche, 1687. Louvre, Chalcographie.
1692
-
1693
* Françoise meurt le mercredi 18 avril 1692; elle est inhumée deux jours plus tard (Herluison 1873, p. 417)
Sont nommés lors de l'inhumation François Quesnel, ecclésiastique mais aussi ancien peintre condisiciple d'Antoine à Rome (en 1660-1661); et André Pralard, libraire, qui est dit cousin de la défunte.
On connaît principalement Françoise pour ses livres d'ornements (1658) et de vases (1667), dont elle signe les gravures du seul nom de Bouzonnet, ne suivant pas l'exemple de Claudine et Antoine. Il est vraisemblable que ce ne soit qu'après avoir achevé ces deux ouvrages qu'elle ait entrepris de grandes pièces isolées d'après Jacques Stella, si on excepte un
Saint François aux stigmates d'après Carracci, qui semble rare (exemplaire à la Bibliothèque Municipale de Lyon). Elle le signe encore avec un prénom en français, puis B. Stella. Il se peut qu'il s'agisse d'un tableau de la collection de l'oncle (ou ramené par Antoine?) que les Bouzonnet souhaitaient vendre.
La gravure ci-contre, d'après Stella, latinise jusqu'au prénom et montre un métier plus abouti que le
Saint François. Aucune peinture ne correspond dans le testament et inventaire, il dut donc être vendu. Le motif de l'oiseau guetté par un chat rappelle la mention de la vente de Chiquet de Champ Renard (1768), quoique la composition en semble un peu différente.

* Claudine achève de rédiger un inventaire de ses biens et son testament le 5 puis le 23 mai 1693 (avant midy) (Guiffrey 1877, p. 21.).
Claudine dût l'entreprendre peu de temps après le décès de sa sœur. Des mises à jour signalent des items vendus, ou la décharge de Madeleine La Sire de 1694, notamment. Ci-contre est reproduit le fac-similé de l'écriture de Claudine publié par Guiffrey en 1877, dont la dernière ligne de l'inventaire suivi de sa signature. La remarque est utile pour l'appréciation des gravures de la Passion d'après Jacques Stella : elle n'inventorie que dix planches mais elle eu le temps de réaliser, entre mai 1693 et l'automne 1697, les quatre suivantes complétant l'ensemble qui nous est parvenu.

Françoise d'après Jacques Stella,
La Vierge à l'Enfant, sainte Élisabeth, saint Jean et un agneau.
Gravure. Env. 52 x 41 cm. Albertina.
1694
-
1697
* Madeleine La Sire, devenue majeure, décharge Claudine du cautionnement consenti le 5 avril 1690 le 30 avril 1694 (Guiffrey 1877, p. 99).

* Claudine confirme son testament le 4 septembre 1694 (Guiffrey 1877, p. 21.).

* Claudine reconnaît son testament et inventaire le 31 août 1697 par devant Marchand et Ogier, notaires au Châtelet de Paris (Guiffrey 1877, p. 21.).

* Claudine meurt le mardi 1er octobre 1697, à 3 heures du matin; elle est inhumée le lendemain; Hyerome Payelle, Claude Bronod et Pierre Chalopin tous trois avocat au Parlement et au conseil du Roi et cousins de la défunte y assistent (Herluison 1873, p. 417)

* Le 19 octobre 1697, inventaire après décès de Claudine; il reprend en suivant de près mais non sans variante celui qu'elle avait rédigé, en suivant l'ordre des pièces du logement (A.N., MC/ET/LXXXVIII/317).
Bon Boullogne, peintre de l'Académie, et - est-ce un hasard? - remplaçant d'Antoine comme adjoint à professeur en 1684, est appelé pour la prisée, minorant les estimations de Claudine autant que la valeur du marché; par exemple, deux tableaux de Poussin légués à Marie-Anne Molandier sont estimés par la défunte à 15000 (Le frappement du rocher, choisi par Claudine) et 8000 livres (Moïse exposé); Boulogne les prise 3000 et 2000; Marie-Anne étant morte avant sa donatrice, les deux tableaux sont vendus et adjugés une somme globale de 13000 livres.
Autre point important : il dénombre 13 planches de la
Passion gravée par Claudine, confirmant que toutes les planches qui nous sont parvenues de la suite sont bien de Claudine contrairement à ce que Weigert affirme, négligeant le fait que l'inventaire publié par Guiffrey prenait place en mai 1693 (Guiffrey 1877, p. 106); Weigert 1951, p. 82.

* Sentence pour l'exécution du testament en date du 12 novembre 1697 (Guiffrey 1877, p. 22.).

* Sentence du 27 novembre 1697 ordonnant que Payel et Charmeton, exécuteurs testamentaires, rendent compte à l'héritière universelle, Anne Molandier (Guiffrey 1877, p. 22.).
Ledit compte est clos le 20 décembre, mettant un point final à l'exécution du testament.

Claudine d'après Nicolas Poussin,
Le frappement du rocher.
Gravure, 1687. 52,5 x 77,9 cm. BnF.

Claudine d'après Nicolas Poussin,
Moïse exposé sur les eaux.
Gravure, 1672. 55 x 75 cm. Rijksmuseum.

Claudine
d'après Jacques Stella,
Jésus emmené devant Pilate,
La Passion, 10.
Gravure vers 1693.
46,5 x 35,3 cm. Lyon, B.M.

Claudine
d'après Jacques Stella,
Jésus devant Pilate,
La Passion, 13.
Gravure vers 1694-1697.
46,5 x 35,3 cm. Lyon, B.M.
BIBLIOGRAPHIE DES BOUZONNET STELLA:
* Liste des tableaux et pièces de sculpture..., (Salon de) 1673, p. 3
* « Le livre des Pastorales, et autres ouvrages que nous avons de Mademoiselle Stella...», Le Mercure Galant, 1678, p. 192-193
* Germain Brice, Description de Paris, Paris, 1684, p. 34-35
* André Félibien, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres..., Paris, 1666-1688, Entretien X; éd. Trévoux, 1725, t. IV, p. 396.
* Jules Guiffrey, «Testament et inventaire (...) de Claudine Bouzonnet Stella», Nouvelles archives de l’Art Français, publiés par J-J. Guiffrey, 1877, 1-118.
* A. L. Lacordaire, « Brevets accordé par les rois (...) XLVIII Antoine et Claude Stella » in Archives de l'art français, t. III, 1853, p. 208.
* Paul Lacroix, « Académie de Saint-Luc », Revue universelle des arts, Paris, t. 13, 1861, p. 330.
* J.J. Guiffrey, Collection des livrets des anciennes expositions depuis 1673 jusqu'en 1800, Paris, 1869, p. 26
* Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, Paris, 1867, 2è éd. révisée, 1872, p. 284.
* Jules Guiffrey, « Déclaration de Louis XIV confirmant les privilèges des artistes logés au Louvre », Nouvelles archives de l'art français, 1873, p. 40
* Henri Herluison, Actes d'état-civil d'artistes français, peintres, graveurs, architectes, etc., extr. des registres de l'Hôtel de ville de Paris, Orléans, 1873.
* Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 1er (1648-1672), Paris, 1875.
* Jules Guiffrey, «Testament et inventaire (...) de Claudine Bouzonnet Stella», Nouvelles archives de l’Art Français, publiés par J-J. Guiffrey, 1877, 1-118.
* Anatole de Montaiglon, Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, t. 2 (1673-1688), Paris, 1878
* Charles Jouanny, Correspondance de Nicolas Poussin, Paris 1911.
* Jules Guiffrey, Histoire de l'Académie de Saint-Luc. (Archives de l'art français, nouv. période, t. IX), Paris, 1915, p. 424, 492.
* Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. II, 1951 (oeuvre des Bouzonnet Stella, malgré d’assez nombreuses lacunes ou erreurs).
* Jacques Bousquet, « Chronologie du séjour romain de Poussin et de sa famille », Actes du colloque Nicolas Poussin de 1958, Paris, 1960, t. II, p. 9-10.
* Marylin Aronberg Lavin, Seventeenth-century Barberini Documents and Inventories of Art, New York, 1975, 41, document 327
* Sylvain Kerspern, «Antoine Bouzonnet Stella peintre (1637-1682). Essai de catalogue», Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1988, 1989, p. 33-54.
* Sylvain Kerspern, «Mariette et les Bouzonnet Stella. Notes sur un atelier et sur un peintre-graveur, Claudine Bouzonnet Stella», Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1993, 1994, p. 31-42.
* Sylvain Laveissière, « Les tableaux d'histoire retrouvés de Charles-Alphonse Dufresnoy », Revue de l'art, n°112, 1996-2, p. 40.
* Marie-Thérèse Mandroux-França et Maxime Préaud, Catalogues de la collection d'estampes de Jean V, roi du Portugal par Pierre-Jean-Mariette, Lisbonne-Paris, 1996, t. II
* Sylvain Laveissière (dir.), catalogue d’exposition Jacques Stella (1596-1657) Lyon-Toulouse 2006 (d'après Gilles Chomer et avec les contributions de Fabienne Albert-Bertin, Anne-Laure Collomb, Isabelle Conhihout, Isabelle Dubois, Philippe Durey, Lauren Laz, Mickaël Szanto), p. 45-48, 234.
* Michel Chomarat, « Antoine plutôt qu'Antoinette », gryphe, n°15, décembre 2006, p. 25-29
* Susan Russell « Pirro Ligorio, Cassiano Dal Pozzo and the Republic of Letters », Papers of the British School at Rome, vol. 75, 2007, p. 246
* Alberto Satolli, « Otto rami per Orvieto », Lettera Orvietana, 21-22, aprile 2008, p. 11-14
* Sylvain Kerspern, «Antoine Bouzonnet Stella, une Vierge vendue à Marseille», site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en 2008, retouche en 2012.
* Sylvain Kerspern, «Claudine et Jacques Stella. Quel auteur pour les Pastorales, site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en mai 2013.
* Sylvain Kerspern, «L’Annonciation de la cathédrale de Meaux.», site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en septembre 2013.
* Angelo Maria Monaco, Giacomo Barri « francese » e il suo Viaggio pittoresco d'Italia. Gli anni a Venezia di un peintre-graveur scrittore d'arte nel Seicento, Firenze, 2014, notamment p. 308-310.
* Sylvie Richard de Vesvrotte, « Un tableau d'Antoine Stella (1637-1682) identifié dans l'église des Planches-Près-Arbois (Jura), Travaux de la Société d'Emulation du Jura. Travaux 2014, 2015, p. 45-52
* Sylvain Kerspern, «Antoine Bouzonnet Stella dessinateur : deux nouveaux exemples, un nouveau regard.», site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en mai 2015.
* Sylvain Kerspern, «Chemins pour une identification : le cas du retable de Notre-Dame d'Espagne d'Antoine Stella.», site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en juillet 2015.
* Sylvain Kerspern, «Antoine Stella en Tartarie. Autour d'une feuille du British Museum», site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en décembre 2016.
* Sylvain Kerspern, «D'une Vie de la Vierge l'autre. À propos de l'atelier des Stella, autour de Jacques, Antoine, Claudine et Antoinette», site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en juin 2021.
* Sylvain Kerspern, «Antoine Stella de Lyon en Italie : quelques notes sur un document vénitien», site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en septembre 2022.
* Sylvain Kerspern, «Antoine Bouzonnet Stella auprès de Poussin : une proposition», site Dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en décembre 2022.
Courriels : sylvainkerspern@gmail.com - sylvainkerspern@hotmail.fr.
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